ANTHROPOPHAGOUS (1980)
Il faut tout de même avoir des tripes et avaler un bon tord-boyau pour regarder ANTHROPOPHAGOUS. Ah ben, ça tombe bien, Tom se fait une joie de vous en parler, la bave aux lèvres…
ANTHROPOPHAGOUS
Italie – 1980 – de Joe D’Amato
Avec Tisa Farrow, Saverio Vallone, Serena Grandi, Margaret Mazzantini, Mark Bodin, Bob Larsen, George Eastman, Zora Kerova…
Dans cet univers merveilleux qu’est le cinéma horrifique, il existe certains films qui, même avant visionnage, bénéficie d’une aura si particulière qu’elle laisse place à tous les fantasmes pour le néophyte en herbe rêvant de découvrir l’objet d’une telle convoitise. En 1980, le grand Joe D’Amato va mettre en scène une œuvre qui, de par le biais d’un bouche-à-oreille contagieux et de visuels méchamment accrocheurs, va faire partie de ces petites poignées de métrages qu’il faut absolument avoir vues si l’on souhaite découvrir ce qui se fait de mieux dans le gore à l’italienne : le bien nommé, ANTHROPOPHAGOUS…
Artisan polyvalent et technicien talentueux, Aristide Massaccesi va, un an après nous avoir offert une ode à la poésie macabre et nécrophile dans son inclassable BLUE HOLOCAUST, remettre le couvert pour cette fois, nous offrir une péloche d’épouvante particulièrement gratinée. Opportuniste en diable, le natif de la ville éternelle va désormais s’intéresser à un genre alors très en vogue en ce début de décennie, le slasher movie. Prenant tout de même ses distances avec ce courant cinématographique populaire, Joe D’Amato va se rappeler à bon escient qu’après avoir assassiné sa sœur parce qu’il voulait mater ses nichons, le jeune Michael d’Haddonfield fut une affaire plutôt banquable au box-office américain. De plus, en cette belle et douce année 80, on ne fume pas que du tabac et on fornique pas mal du côté de Crystal Lake… pendant que le gosse Voorhees est en train d’apprendre la brasse sans surveillance…
C’est donc sur un scénario de l’immense George Eastman – Luigi Montefiori pour l’état civil – que D’Amato va donc nous présenter sa version des faits. Parti en croisière faire du tourisme sur quelques îles paradisiaques au large de la Grèce, un groupe de jeunes gens va faire la connaissance de Julie, elle-même désireuse de rejoindre l’une d’entre elles afin de retrouver ses amis. Une fois sur place, l’endroit est désert et il semblerait que la mort et la désolation aient pris possession des lieux. Suite à l’exploration d’un village fantôme et la découverte d’une jeune fille aveugle, cette dernière va leur apprendre qu’un terrifiant psychopathe aurait décimé toute la population. Parallèlement, des membres de cette macabre expédition estivale sont portés disparus…
Grace à une somptueuse mise en scène et un étonnant score de Marcello Giombini (à qui l’on doit les bandes originales de DUEL AU COUTEAU, SABATA, ou encore ZAMBO… et oui !), D’Amato va, dès sa séquence d’ouverture, nous plonger dans une incroyable ambiance mortifère. Artiste naturellement attiré par l’innovation, les sons tendance électro et ceux, à caractère religieux, Giombini va bercer cette bande d’une musique quasiment funéraire, et D’Amato va grandement en tirer partie. En témoigne sa magnifique introduction ou l’on retrouve un couple sur une plage déserte. Madame, tout de bikini vêtu, s’en va piquer une tête tandis que son compagnon s’allonge confortablement, écouteurs visés sur les oreilles. Au loin, on remarque une barque oscillant sur les vagues et qui semble abandonnée. Curiosité oblige, notre baigneuse s’en va examiner son contenu de plus près. Une fois à proximité de celle-ci, on peut lire un sentiment d’effroi sur le visage de cette dernière qui, soudainement, sera tiré au fond de l’eau via un bouillonnement d’hémoglobine. Dans la foulée, une ombre menaçante, hachoir sanguinolent à la main – bon, parfois faut pas trop chercher d’explication quand même…- s’approche lentement de l’homme à demi endormi sur les rochers. Et lorsque celui-ci ouvre les yeux, c’est pour mieux se prendre un méga coup de tranchoir en pleine tête. Efficace, et annonciateur de l’hécatombe à venir… Juste excellent !
Bien entendu, ceci n’est qu’une petite mise en bouche, à peine un hors-d’oeuvre. Pour le plat de résistance, d’autres séances hallucinantes et instantanément cultes vont venir alimenter la sulfureuse réputation d’ANTHROPOPHAGOUS. Celle, odieuse, malsaine, et surtout très polémique, mais beaucoup plus suggérée qu’elle n’est montrée, présentant l’éviscération d’un fœtus par le dangereux cannibale qui croquera dans le semblant de petit être sous l’œil horrifié et impuissant du papa succombant à ses blessures. Ou encore, ce final improbable qui verra notre insatiable mangeur de chairs humaines mordre ses propres boyaux avant de s’effondrer définitivement sur le sol. Mais, malgré ses indéniables qualités, c’est surtout dans le charisme dudit anthropophage que le film puisse sa force. Interprété de main de maître par Eastman lui-même (LA NUIT FANTASTIQUE DES MORTS-VIVANTS, PORNO HOLOCAUST, HORRIBLE… la fausse suite), Klaus Wortmann, littéralement le rôle de sa très belle carrière, est présenté telle une créature qui n’a plus la moindre once d’humanité. Cheveux hirsutes, visage brûlé, yeux remplis de haine, halètements inhumains, chaque intervention de l’homme qui se mange lui-même est un véritable moment de pure terreur que D’Amato dose avec une extrême intelligence. Ses attaques sont d’une bestialité hors norme, et renvoient illico au vestiaire les futurs croquemitaines qui seront starifiés en faisant les beaux jours du slasher estampillé so 80′s. Un monstre que l’on range plus volontiers du côté d’un Cropsy – du génial CARNAGE de Tony Maylam, sortie un an après -, voir d’un Leatherface, pour sa brutalité. On retrouvera à ses côtés la très inexpressive Tisa Farrow (L’ENFER DES ZOMBIES, HÉROS D’APOCALYPSE), la sœur de Mia, la bombe anatomique Serena Grandi – vu, entre autres, dans le MIRANDA de Tinto Brass, ou encore nous dévoilant sa généreuse plastique dans le très bon DELIRIUM de Lamberto Bava – ainsi que l’éternelle mal traitée du bis transalpin Zora Kerova (LES NOVICES LIBERTINES, ou jouant avec des crochets dans le très sanglant CANNIBAL FEROX).
Première production estampillée Filmirage, la défunte mais prolifique société de Joe D’Amato, ANTHROPOPHAGOUS, strictement interdit au moins de dix-huit ans lors de sa sortie sur notre territoire, qui, s’il est à n’en point douter le chef-d’œuvre de son auteur, va considérablement marquer une génération de cinéphiles plutôt avides d’un cinéma gore, outrancié, et ayant un impact visuel extrêmement puissant. Plus de trente ans après sa sortie, ANTHROPOPHAGOUS n’a absolument rien perdu de sa superbe et demeure l’un de ces innombrables joyaux, que seuls nos amis italiens savaient façonner, et qui manque cruellement à la production cinématographique actuelle…
- Tom Phénix – (CosmoFiction – morbius@gmail.com)
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VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? 2 (1988)
Tom se penche aujourd’hui sur des saigneurs de la nuit, pas trop près tout de même car il sait qu’il risque croc, pardon, qu’il risque gros. On le retrouve ainsi aux prises avec la belle Regine de VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? 2, tandis qu’un Peter Vincent tente de le convaincre de prendre ses pieds à son cou, ne serait-ce que pour se protéger des morsures…
VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? 2
États-Unis – 1988 – de Tommy Lee Wallace
Avec : William Ragsdale, Roddy Mc Dowall, Traci Lind, Julie Carmen, Jon Gries, Russell Clark, Brian Thompson, Ernie Sabella, Merritt Butrick, Matt Landers, Alexander Folk, Scanlon Gail, Josh Richman, Karen Anders, John Lafayette…
Âme damnée se nourrissant de sang humain et ayant juré fidélité à la lune, le vampire fait partie de ces monstres populaires ayant été bien aidé, il est vrai, par le célèbre roman de Bram Stoker bénéficiant d’un puissant potentiel propre à envoûter une intrigue teintée de fantastique. Souvent mis en lumière dans l’histoire du septième art, bon, pas trop quand même sinon ils clamsent, les anges de la nuit ont connu quelques apogées particulièrement marquantes au cinéma. Des premiers métrages muets en noir et blanc en passant par le regretté Christopher Lee et les productions de la Hammer, ces morts-vivants pas comme les autres, enchaînant les succès critiques et commerciaux, vont pourtant connaître un petit passage à vide au milieu des années 70. Afin qu’ils ressortent efficacement leurs canines, ils leur faudra pour cela attendre 1985 que Tom Holland réalise l’un des grands films de cette décennie avec son extraordinaire FRIGHT NIGHT. Mais aujourd’hui, on va s’intéresser de plus près à la suite de ce chef-d’oeuvre…
À l’orée des glorieuses 80′s, l’attente du public en matière d’épouvante a considérablement évolué et, clin d’œil évident au contexte, ce n’est surement pas Peter Vincent qui va me contredire… Le Comte Dracula, incarné de main de maître par Sir Christopher, aux yeux injectés de sang et arpentant les couloirs interminables d’un château sinistre, ne fait malheureusement plus école. Les amateurs veulent désormais faire face à des terreurs concrètes qui se fondent naturellement dans le quotidien de chacun. À Georgetown, quelques années auparavant, il faut dire qu’une jeune ado étonnamment souple a dévoilé au monde que sa tête était capable de tourner à 360 degrés ; donc ça devient difficile après un tel choc d’effrayer le cinéphile en herbe en quête de sensations fortes avec un spectre rôdant dans quelques lugubres cimetières afin de mordre une poignée de donzelles à peine dévêtues… À moins que…
Avant de laisser place à nos accros à l’hémoglobine favoris, c’est tout d’abord le lycanthrope qui sera mis en valeur avec, en 1981, deux bandes essentielles qui vont définitivement ancrer les créatures mythiques dans la vie de tous les jours avec les imparables HURLEMENTS et LE LOUP-GAROU DE LONDRES. Suivront d’autres tentatives très intéressantes, telle que le PEUR BLEUE de Daniel Attias et son prêtre poilu, avant que Tom Holland ne redonne de la visibilité à la légende des suceurs par le biais de son VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ?. Instantanément culte, cette péloche va réhabiliter les descendants de Nosferatu et ouvrir la voie à d’autres réalisations de ce genre. On citera par exemple l’excellent VAMP de Richard Wenk, l’émouvant et tellement beau, et oui, je suis sensible comme gars, AUX FRONTIÈRES DE L’AUBE de Kathryn Bigelow, ou encore le très réussi GÉNÉRATION PERDUE du père Schumacher, pour en arriver finalement à la création d’une suite inévitable à la petite perle de Tom Holland.
C’est donc en 1988 que Tommy Lee Wallace, ayant fait ses classes comme monteur du côté de chez John Carpenter sur HALLOWENN et FOG puis, se faisant un petit nom en passant derrière la caméra pour les besoins du très original HALLOWEEN 3 et, un peu plus tard, via l’incontournable ÇA, va mettre en chantier cette séquelle carrément attendue. À défaut de révolutionner la franchise, Tommy Lee Wallace va, avant tout, chercher à porter à l’écran ce que les nombreux fans du premier opus ont l’envie, et le besoin, de voir ou de redécouvrir. Pour cela, ce dernier va utiliser une trame narrative quasi-similaire à celle d’Holland en y injectant tout de même quelques éléments novateurs qui vont se montrer d’une efficacité redoutable. De prime, afin de changer dans la continuité, Wallace va pouvoir compter sur la présence de William Ragsdale, qui rempile pour jouer le personnage de Charlie Brewster, mais surtout, sur l’étonnant Roddy Mc Dowall (LA MAISON DES DAMNÉS, SHAKMA) qui renfile sa tenue de chasseur de goules dans le but d’interpréter de nouveau l’amusant et incontournable Peter Vincent. Complétant son casting avec quelques gueules de série B facilement identifiable, comme la mâchoire très carrée de l’imposant Brian Thompson (Night slashers dans le COBRA de George Cosmatos), le réalisateur va surtout être confronté à un délicat défi de taille. Dans cette suite, c’est la sœur de Jerry Dandrige qui va venir venger la mort de son bien-aimé frère. Qui va donc pouvoir prendre le relais du beau et ténébreux Chris Sarandon dans le rôle principal du démon nocturne ? L’enjeu est conséquent, Sarandon étant sans aucun doute l’un des vampires les plus charismatiques imprimés sur pellicule. Wallace va littéralement
réussir un véritable coup de génie en donnant à Regine, la sœurette de Jerry, la beauté des traits de Julie Carmen. D’ascendance hispano-cubaine, cette infernale prédatrice va devenir rapidement l’attraction principale de la bobine en imprégnant chacune de ses apparitions, aussi dangereuses soit-elles, d’une sensualité envoûtante presque palpable.Substituant avec brio l’absence de Chris Sarandon, la somptueuse Julie, qui accédera définitivement à la postérité en 1994 avec L’ANTRE DE LA FOLIE de Big John, va se montrer indispensable et contribuer activement à la réussite indéniable de cette séquelle pas forcément évidente.
Du côté des nouveautés, on aura le plaisir d’avoir cette fois à faire à non pas un, mais trois assoiffés de sang. La divine créature précitée venant à bout des élastiques de caleçons les plus résistants, mais aussi l’androgyne Belle, suceur monté sur rollers et adepte des morsures bien gerbantes et enfin, un être étonnant répondant au nom de Louie, mi-vampire mi-lycan, adepte de l’humour morbide et donnant un véritable panache à l’ensemble de l’œuvre.
Grâce à une mise en scène remarquable, sombre et particulièrement soignée, étonnant qu’un tel artiste fût cantonné par la suite à filmer les aventures de FLIPPER LE DAUPHIN pour la télévision, Wallace va pouvoir s’appuyer également sur l’expérience de solides techniciens. Superbement photographié, c’est le Canadien Mark Irwin, fidèle collaborateur de David Cronenberg dans sa période dorée, qui est aux commandes et qui sublimera de par son talent quelques plans assez saisissants. Bénéficiant en sus du sympathique score de Brad Fiedel (TERMINATOR 1 et 2), rescapé lui aussi du premier épisode, VAMPIRE VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? 2 va, techniquement et qualitativement parlant, se loger avec aisance dans le glorieux sillage de son prédécesseur.
Bon, au final ça donne quoi ? FRIGHT NIGHT 2 est certes, une séquelle à qui l’on peut reprocher un petit manque d’originalité, du fait qu’il calque sa trame de manière parfois assez explicite sur l’opus précédent. Ça, c’est certain mais parfaitement volontaire. En contrepartie, le soin apporté à la création du film en règle générale, la subtilité des éléments nouveaux, la psyché des protagonistes ou encore l’humour omniprésent, font de ce VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? 2 une péloche qui, même si elle est loin d’égaler la prouesse de Tom Holland, en même temps la barre est placée assez haute, demeure néanmoins une suite maîtrisée, vraiment réussite ; et qui, si elle est encore loin de faire de l’ombre à son illustre modèle, ne demeure en aucun cas un prolongement embarrassant, bien au contraire. Pour ma part, si toutes les productions estampillées numéro 2 pouvaient être aussi abouties, honnêtement, je signe dans la foulée…
- Tom Phénix – (CosmoFiction – morbius@gmail.com)
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WAXWORK (1988)
Et pendant que Morbius délaisse allègrement ses blogs pour d’autres aventures, c’est dans un musée pas comme les autres que vous convie Tom. Là, caché entre une créature de Frankenstein et un Comte Dracula (en triste cire, bien évidemment), poignard caché dans le dos, il vous prévient que la visite risque de ne pas être de tout repos… Suivons-le !
WAXWORK
États-Unis – 1988 – de Anthony Hickox
Avec : Zach Galligan, Joe Baker, Deborah Foreman, Michelle Johnson, David Warner, Miles O’Keeffe, Patrick Macnee…
Le Comte Dracula, la créature de Frankenstein, le loup-garou, la momie, et bien d’autres… En voilà des icônes sacrées unanimement adulées par de nombreux amateurs de cinéma d’épouvante. Lancés au début des années 30 par les Studios Universal par le biais, notamment, du DRACULA de Tod Browning et de FRANKENSTEIN version James Whales, ces personnages cultes connaîtront au fil des ans un tel succès que les scénaristes vont finir, certes pas toujours avec une finesse extrême, par les faire se rencontrer dans parfois d’improbables récits. Pour la plus grande joie des fans de ces monstres intemporels, penchons-nous un instant sur un hommage aussi respectueux, qu’il n’est maîtrisé, via une visite pas tout à fait comme les autres dans un musée de cire un peu plus dangereux que le Grévin parisien (quoique, la statue de Kev Adams c’est flippant quand même…), avec le génial WAXWORK…
Mis en scène par Anthony Hickox, dont le paternel n’est autre que Douglas Hickox, réalisateur pour ne citer que celui-ci de THÉÂTRE DE SANG avec Vincent Price, WAXWORK est le premier passage derrière la caméra pour le jeune anglais alors âgé de 24 ans. Issu d’une famille baignant dans le 7ème art, en plus de la profession de son père, sa mère Anne V. Coates est monteuse, Anthony fait rapidement figure de petit prodige au futur très prometteur. Ces promesses vont être en partie tenues dans les quelques années qui suivront la sortie de la péloche dont nous allons nous intéresser de plus près. En effet, avant de tomber en désuétude au crépuscule de la décennie 90, Anthony Hickox nous aura tout de même gratifié d’un sympathique SUNDOWN : LA GUERRE DES VAMPIRES, d’un amusant WAXWORK 2 et d’un excellent HELLRAISER 3. Pas mal quand même…
Présenté pour la première fois en France au mythique festival d’Avoriaz en janvier 1989, où il remporta le prix de la section peur là où concourait aussi le PHANTASM 2 de Don Coscarelli, WAXWORK nous narre les aventures d’un groupe de jeunes étudiants issus de la fine bourgeoisie américaine et qui, suite à l’invitation d’un homme à l’attitude mystérieuse, décident d’aller visiter un étrange musée où sont présentées différentes effigies de cire à l’image des êtres les plus abominables ayant sévi sur notre planète. Mais, il semblerait que le propriétaire des lieux médite d’obscurs projets de fin du monde en redonnant vie à son armée infernale. Et pour arriver à ses fins, il va devoir prendre l’âme de quelques malheureux visiteurs…
Partant sur cette idée scénaristique très ouverte et assez jubilatoire, Anthony Hickox va donner un rythme dynamique à un récit qu’il n’hésitera pas à imprégner d’une dose d’humour parfois très noir. Aidé il est vrai par un casting intéressant, le réalisateur va intelligemment travailler la psyché de ses protagonistes afin de leur donner l’épaisseur nécessaire pour l’histoire qu’il va développer. On reconnaîtra en tête d’affiche Zach ‘j’ai mouillé Gizmo’ Galligan, dont la carrière ne décollera guère par la suite (des épisodes de série télé comme DOCTEUR QUINN ou LA CROISIERE S’AMUSE, après avoir tater du GREMLINS sous la direction de Joe Dante c’est un peu dommage quand même…), la carrément canon Michelle Johnson (LA MORT VOUS VA SI BIEN, DR RICTUS) en vampiresse envoûtante et diablement sexy, l’expérimenté David Warner, à la filmographie très conséquente, et quelques »gueules » incontournables du cinéma bis tels l’impayable Miles O’Keeffe (ATOR L’INVINCIBLE, IRON WARRIOR, DOUBLE TARGET… ça calme quand même !). Ce dernier, découvert en train de se frotter la liane contre Bo Derek dans le TARZAN de John Derek au début des années 80 trouve, en incarnant un prince des ténèbres à la beauté glaciale mais pas très bavard, un rôle correspondant plutôt bien à son jeu d’acteur assez monocorde.
Pour mettre en images tout cela, Anthony Hickox va soigner sa mise en scène en lui donnant parfois une ambiance quasi-atmosphérique. Les incursions dans les univers respectifs des célèbres entités sont fidèlement reconstituées et bénéficient d’incroyables effets spéciaux signés par le magicien Bob Keen. Son loup-garou, probablement l’un des plus beaux jamais vus sur grand écran, est redoutable et va être particulièrement mis en lumière dans une séquence absolument cultissime. Alors qu’un chasseur venu l’éliminer lui casse une chaise sur le dos, le lycanthrope se retourne vers son agresseur, le fixe, s’essuie l’épaule des quelques poussières émanant des débris du siège, et attaque son adversaire en le mordant au visage puis en le déchirant en deux dans le sens de la longueur. Simplement imparable ! Sa momie, qui une fois n’est pas coutume, n’est pas du genre molle de la bandelette, se livre à quelques exécutions très graphiques et méchamment gores telle la tête écrasée d’un serviteur en train de se prosterner devant son apparition. Génial !
Œuvre bénéficiant de deux montages aux différences très légères, WAXWORK ne dispose pas vraiment de version cut ou uncut. C’est lors du passage avec les vampires que tout se joue. Dans le format dit coupé, il manque en fait un effet sanglant concernant une tête de suceur de sang qui explose. La séquence de l’empalement sur des bouteilles de l’une des femmes de Dracula est aussi un peu plus courte. Par contre, une toute petite partie avec les comtesses est manquante sur la copie dite intégrale. Donc, hormis le maquillage spécial sanguinolent avec l’une des goules, pas de grandes différences notables entre les deux.
Véritable déclaration d’amour à un cinéma de genre qu’il semble particulièrement aimer, le fiston Hickox réalise là un métrage parfaitement réussi. Subtil mélange d’horreur et d’humour, WAXWORK est un coup d’essai qui se transformera en véritable coup de maître. Encore aujourd’hui, le film fait figure de petit classique estampillé so 80′ dans le cœur des cinéphiles branchés tendance horrifique et, n’ayant pas pris une ride, se laisse (re)découvrir avec toujours le même plaisir. Allez, cela (re)vaut bien une petite visite…
- Tom Phénix – (CosmoFiction – morbius@gmail.com)
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MONSTER DOG (1984)
Du loup-garou transalpin au menu, c’est un mets plutôt rare nous dit Tom en nous présentant la bête fraîchement abattue par ses soins. À la table des convives, entre autres, Claudio Fragasso et Alice Cooper… Asseyons-nous un instant…
MONSTER DOG
Italie – 1984 – Claudio Fragasso
Avec : Alice Cooper, Victoria Vera, Carlos Santurio, Pepa Sarsa, Pepita James, Emilio Linder, Ricardo Palacios, Luis Maluenda, Barta Barri, Charly Bravo…
Créature emblématique et fascinante ayant inspiré grand nombre de cinéastes, le loup-garou montra le bout de sa truffe humide dans une quantité incalculable de productions venant de pays aussi différents, sur le plan culturel, qu’ils ne le sont sur la façon dont ils vont imager le mythe. Des premières œuvres répertoriées sur le territoire américain, puis en passant sur les terres ayant vu naître la divine Salma Hayek, le lycanthrope va considérablement voyager et devenir une valeur sûre du cinéma horrifique d’exploitation. À un détail près quand même, il semblerait que notre boule de poils favorite ne soit pas un grand fan des spaghettis à la bolo, dommage. Mais ce n’est pas bien grave, car Claudio Fragasso va nous arranger cela…
Figure particulièrement populaire en Espagne, Paul « Waldemar » Naschy l’ayant plutôt bien aidé et de surcroît finement exploité (LA FURIE DES VAMPIRES ou encore le génial DRACULA CONTRE FRANKENSTEIN), au passage particulièrement remarqué dans la Perfide Albion, Terence Fisher nous a vraiment offert une inoubliable NUIT DU LOUP-GAROU, la féroce bestiole velue ne fut guère aperçue aux abords des forêts de la péninsule italienne. Étrange.
Bien occupés, passé la période gothique, à nous gratifier de métrages mettant en vedette cannibales, zombies et autres détraqués notoires adeptes de l’arme blanche, les artisans transalpins semblent quelque peu bouder la mise en images des mythiques personnages peuplant le 7e art en matière d’épouvante. Quelques canines exhibées çà et là, une coproduction avec un Paul Morrissey, épaulé par Antonio Margheriti, en roue libre pour un sympathique combo DU SANG POUR DRACULA/CHAIR POUR FRANKENSTEIN, mais concernant le poilu sur lequel nous nous penchons aujourd’hui, pas grand-chose à se mettre sous la griffe. On trouvera la trace en 1961 d’un LYCANTHROPUS, aka LE MONSTRE AUX FILLES de Paolo Heusch, narrant l’enquête menée suite à la découverte du corps d’une jeune femme dévoré par un animal, et doté d’une intrigue davantage axée sur le fantastico-policier que sur l’horreur pure. Puis, en 1976, d’une improbable variante sur le thème avec le cultissime LA LOUVE SANGUINAIRE de l’érotomane Rino Di Silvestro. Dans ce dernier, l’intérêt repose surtout sur les épaules, ou entre les cuisses, de la sculpturale Annick Borel (BLOOD ORGY OF THE SHE DEVILS), héritière d’une malédiction ancestrale la poussant à se transformer lorsque la lune est pleine, ainsi que de la présence de la
presque toujours dénudée Dagmar Lassander (LA FEMME PERVERTIE). Pour ce qui est de la louve-garoute précitée, quelques morceaux de moquette collés sur les nichons feront de la jolie mamelée une prédatrice parfaite illustrant une péloche assez foutraque, mais ma foi bougrement divertissante. En clair, alors que Daninsky exhibe ses touffes aux quatre coins du territoire ibérique, il n’y a malheureusement toujours pas de véritable bobine d’homme-loup à se mettre sous la dent du côté de la patrie de Lucio Fulci.
1981 va être une année profondément marquée par les exactions de ce démon vorace arpentant les sous-bois, avec les sorties de deux chefs-d’œuvre considérables qui vont définitivement honorer ce sous-genre : HURLEMENTS de Joe Dante, et le tellement bon LE LOUP-GAROU DE LONDRES de John Landis. Gros succès critique et commercial, ces deux bandes vont offrir une voie toute tracée aux productions à venir souhaitant porter à l’écran les méfaits d’un monstre, dont la légende va être plus où moins arrangée et modernisée selon les besoins des différentes intrigues. Et pour le coup, l’ami Fragasso va nous sortir sa plus belle plume, mais pas que…
Vince est un chanteur de rock populaire. Afin de tourner son prochain clip vidéo, il décide de partir avec son équipe quelques jours en campagne au sein de la maison dans laquelle il a grandi. Juste avant leur arrivée sur les lieux, l’artiste et sa troupe vont être mis en garde par des policiers. Il semblerait que des chiens enragés soient la cause de plusieurs meurtres commis dans le secteur. Prenant note de la recommandation, le groupe va rejoindre ladite bâtisse qu’il vont découvrir absente de l’hôte qui devait les recevoir. Commence alors d’étonnantes spéculations concernant les massacres commis à même la région et qui auraient peut-être un lien, avec un lourd secret que Vince ne semble pas prêt de dévoiler…
Presque indissociable à cette période de son compère Bruno Mattei, Clyde Anderson, son pseudo destiné à l’export, va signer pour MONSTER DOG le scénario ainsi que la mise en scène. Scénariste efficace (VIRUS CANNIBALE, LES RATS DE MANHATTAN), réalisateur talentueux (ZOMBIE 4, AU-DELÀ DES TÉNÈBRES, ou encore le très réussi PALERME-MILAN ALLER SIMPLE), Fragasso va faire preuve d’un brio redoutable lorsqu’il va masquer son manque de moyens par le biais d’une réalisation atmosphérique du plus bel effet.
Concernant ce type de film, l’un des attraits principaux réside souvent dans la qualité de la gloumoute qui va être portée à l’écran. Mais au milieu des glorieuses 80′s, la lire se fait de plus en plus rare dans les poches des producteurs italiens, il faut donc ruser intelligemment si l’on veut proposer un rendu présentable aux yeux des spectateurs. En grand habitué des prods relativement fauchées, Claudio Fragasso va habilement transformer ce handicap en points forts en ne révélant que partiellement les contours de l’animal terrorisant les différents protagonistes. Usant, et parfois abusant, d’effets de brouillard plutôt bien sentis, Fragasso ne laissera que deviner l’aspect massif de sa bête, en jouant malicieusement avec les interventions de cette dernière. Presque insaisissable, celle-ci marquera à chaque fois son passage par l’état des cadavres, en mode boucherie, qu’elle va semer derrière elle. Faisant monter la tension à chacune de ses apparitions, le lycanthrope nous sera enfin présenté lors d’une somptueuse séquence de transformation imaginée par le méconnu Carlo De Marchis (effets additionnels sur ALIEN quand même, et concepteur du saurien de L’ALLIGATOR de Sergio Martino) intervenant lors du final.
Exploitant au maximum les très beaux décors naturels dont il bénéficie, le tournage s’est déroulé à Torrelodones, en Espagne, Fragasso va aussi pouvoir compter sur un casting qui, à défaut de faire date dans l’histoire du cinéma, va se montrer clairement à la hauteur. Outre la séduisante Victoria Vera (LA RAGE DE TUER de René Cardona Jr.), la performance d’Alice Cooper dans le rôle de Vince reste indispensable à la réussite de ce LEVIATÁN, autre titre utilisé pour l’exploitation. Charismatique en diable, le futur clochard possédé chez Carpenter va nous livrer une interprétation de qualité, nous faisant presque regretter que le chanteur du génial album concept Welcome to my nightmare ne fut pas davantage sollicité pour ce type de projet.
Alignant les clins d’œil à plusieurs genres cinématographiques propres au bis, la scène où des mercenaires armés vêtus de long impers se postant devant le refuge de Vince afin d’éliminer ce dernier fait clairement référence au western, voire même celle où ces mêmes rednecks prennent d’assaut les occupants de la demeure rappelle carrément le home invasion, Fragasso va sublimer son MONSTER DOG par le biais d’une magnifique bande originale parfaitement en phase avec l’ambiance de son œuvre. Subtile fusion de son synthétique secoué par d’efficaces rifts de guitare électrique, c’est l’inconnu Grupo Dichotomy qui fut crédité à la musique aidé, selon certaines sources officieuses, par le Hollandais Dick Maas, excellent réal de L’ASCENSEUR ou encore du très bon AMSTERDAMNED.
Même si finalement il ne laissa guère de poils sur les tables de montage italiennes, le loup-garou eut droit à un passage remarqué dans la Botte devant la caméra de Claudio Fragasso. Cet homme polyvalent du ciné transalpin aura eu le mérite de livrer une honnête adaptation sur le mythe, tout en proposant une péloche aussi originale qu’elle n’est aboutie. Un film à réévaluer d’urgence je pense…
- Tom - (CosmoFiction – morbius501@gmail.com)
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DÉMONS (1985)
Tom revient sur le DÉMONS de Lamberto Bava, ou comment une salle obscure peut devenir l’antre de monstruosités démoniaques issues du film d’horreur projeté à l’écran… Mieux que la 3D, participez au massacre et devenez vous-même une victime !
DÉMONS
Italie – 1985 – Lamberto Bava
Avec : Urbano Barberini, Natasha Hovey, Karl Zinny, Fiore Argento, Paola Cozzo, Fabiola Toledo, Geretta Giancarlo, Bobby Rhodes…
Dans l’univers du 7e art, comme dans bien d’autres domaines d’ailleurs, être le fils d’une personnalité dont le talent est unanimement reconnu n’est pas forcément d’une aide précieuse. Si cela permet, entre autres, d’intégrer le milieu avec une certaine forme de facilité, avoir pour père le légendaire Mario Bava est parfois un héritage lourd à porter. Passage quasiment obligatoire, la comparaison est en soi une évidence dont, malheureusement, Lamberto est une victime toute désignée. Alors même si l’on a coutume de souvent reprocher au fiston de ne pas avoir une maestria identique à celle de son paternel derrière une caméra, il n’empêche que notre Bava Jr va insuffler à ses mises en scène un style généreux et assez personnel, le tout aux antipodes de celles de son illustre géniteur… et c’est tant mieux !
Nous sommes dans le courant des glorieuses 80′s, et alors qu’il commence seulement à en prendre conscience, le cinéma d’exploitation italien entonne un inéluctable chant du cygne qui le conduira à la funeste fin que nous lui connaissons tous. Seulement, au divin pays de Garibaldi, il existe une poignée de solides artisans qui vont continuer, coûte que coûte, à mettre en boîte des péloches dans des genres aussi divers que variés, et à proposer des œuvres de qualité, certes, parfois très inégales, mais bien souvent hautement jouissives. Petit zoom sur l’un des titres phares de cette année 1985, avec le terrifiant et très jubilatoire DÉMONS…
Ils feront des cathédrales leurs cimetières et des tombes leurs cités… C’est par cette phrase, qui en dit bien long, que Lamberto Bava nous invite à une plongée apocalyptique dans l’horreur. Un groupe de personnes va être convié par un type à l’allure mystérieuse, le trop rare réalisateur Michele Soavi, ici interprète, à assister à la projection d’une étrange avant-première dans un cinéma fraichement rénové. Jusque là, rien de bien anormal, sauf que les événements relatés dans le film sont en train de se matérialiser à même ladite salle obscure. Quelques jeunes gens partent explorer une curieuse crypte dans laquelle serait enterré le prophète Nostradamus. Parmi eux, un homme, qui après s’être entaillé avec un masque annonçant la venue sur terre des démons, se transforme en une créature infernale assoiffée de sang et va éliminer un à un ses partenaires de fortune. Parallèlement, Rosemary, une femme que l’on devine être une prostituée et qui, dans la réalité, s’est coupée au visage avec l’objet maudit, est en train d’assister confortablement à la séance. Sa blessure s’infectant, cette dernière se retirera afin de soigner sa plaie devenue purulente. Ceci est le point d’ancrage que Lamberto Bava va exploiter afin de donner à son métrage un rythme nerveux et enlevé.
Quelques instants plus tard, on retrouve Carmen qui, inquiète, part à la recherche de son amie de trottoir afin de s’assurer de son état. Débute alors un hallucinant plan-séquence aussi effrayant qu’il n’est maîtrisé. Carmen retrouve une Rosemary agonisante dans les toilettes. Elle remarque que d’abominables traces de sang et autres joyeusetés recouvrent un lavabo qui a dû être le témoin d’un repoudrage de nez du genre assez salissant.
Son regard se tourne alors vers la porte entrebâillée de l’un des sanitaires dans lequel se trouve sa collègue. Au fur et à mesure que la caméra s’approche d’une Rosemary recroquevillée sur elle-même et faisant dos à l’objectif, on commence à entendre de plus en plus distinctement des grognements qui n’ont plus grand chose d’humain. Lentement, Rosemary pose sa main sur le mur. Celle-ci a changé d’aspect, elle est désormais munie de griffes acérées. Puis, elle tourne brusquement la tête en direction de la malheureuse Carmen qui était venue lui porter secours. Là, c’est à un visage démoniaque aux yeux révulsés et à la bouche suintante de bave que nous avons désormais affaire. Les démons sont lâchés et la partie peut commencer. Superbe, et diablement efficace…
On l’aura bien compris, même sous la plume d’un Dardano Sacchetti au meilleur de sa forme, DEMONI ne va pas chercher à tirer parti de la puissance de son scénario, hormis évidement sur le fait qu’il joue énormément sur l’aspect claustrophobique du lieu dans lequel sont piégés les protagonistes, mais bien de la cadence à laquelle va se dérouler cette bande. Passé les 15 – 20 premières minutes d’exposition, et une fois que la baveuse Rosemary aura pas mal arrangé les cabinets du ciné, Lamberto envoie la sauce non-stop pendant une bonne heure sans pratiquement aucune interruption.
Jouant un maximum sur l’impact visuel de ce qu’il porte à l’écran, le fils Bava va pouvoir compter sur les effets spéciaux du génial Sergio Stivaletti (PHENOMENA, DELLAMORE DELLAMORTE pour ne citer qu’eux) qui, déjà, s’imposait naturellement comme l’un des maquilleurs les plus doués de sa génération. Les séquences de transformations des créatures sont d’un réalisme assez saisissant, et chaque attaque de l’une d’entre elles donnent lieu à d’incroyables déferlements gores. Au programme, on a de l’arrachage de gorge, de l’énucléation, des coups de griffes dévastateurs et des morsures hyper gerbantes… Rien que ça ? Non… On nous gratifiera aussi de la fameuse scène culte de cette bobine dans laquelle la toute contaminée Kathy, alors à terre, verra un authentique monstre s’extraire violemment de son dos en laissant ses reins en charpies. Pas mal…
On pardonnera ainsi une interprétation assez faible mais surtout très inégale. Les bisseux reconnaîtront nombre de seconds couteaux habitués aux bis transalpins et qui donnent un certain cachet à l’ensemble de l’œuvre. Le bellâtre Urbano Barberini (TERREUR À L’OPÉRA, IL GATTO NERO de Luigi Cozzi), ayant notamment retrouvé le même Bava deux ans plus tard dans l’excellent L’AUBERGE DE LA VENGEANCE, Fiore Argento l’une des filles du maestro, et Bobby Rhodes (LE GLADIATEUR DU FUTUR, DÉMONS 2), en pleine cool black attitude toujours égal à lui-même. Une bien jolie brochette d’acteurs, hormis le fait que pour la nomination aux Oscars… on repassera…
Magnifié par une surprenante bande originale très hard rock chevelu (AC/DC, Iron Maiden, Saxon…), on ne s’en plaindra pas d’ailleurs, et par un superbe score de Claudio Simonetti qui ajoute une ambiance inquiétante et oppressante à ce petit classique, DÉMONS est à n’en point douter une série B qui a définitivement marquée cette décennie magique que furent les années 80. Véritable hit de vidéoclub et jouissant d’un capital sympathie très conséquent auprès des fans l’ayant découvert, comme moi, lors de sa sortie ciné/vidéo, DEMONI est probablement le meilleur effort de Lamberto Bava. Sûrement pas son plus abouti, on lui préférera peut-être MACABRO, mais en tout cas le plus révélateur de son talent qui n’est, malheureusement, pas toujours reconnu à sa juste valeur…
- Tom – (CosmoFiction – morbius501@gmail.com)
POUR VOIR LE FILM « DÉMONS » EN ENTIER ET EN V.F, CLIQUEZ SUR L’IMAGE CI-DESSOUS :
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FLESH EATER (1988)
Du gore bisseux, en veux-tu ? En voilà ! Porté par un Tom qui tente de se frayer un passage au milieu d’ados enfiévrés prêts à l’orgie un soir d’Halloween (chose qu’il ne faut surtout pas faire ce jour-là, évidemment), ce FLESH EATER s’avère une excellente surprise, nous confie l’ami Tom alors que trois zombies se pointent déjà derrière lui…
FLESH EATER
William Hinzman – États-Unis – 1988
Avec : William Hinzman, John Mowod, Leslie Ann Wick, Kevin Kindlin, Charis Kirkpatrik Acuff, James J. Rutan…
Dans nos petites caboches toute bisseuses, difficile en effet d’oublier l’apparition spectrale du premier zombie montrant le bout de sa truffe putréfiée dans le chef-d’oeuvre de Romero, NIGHT OF THE LIVING-DEAD. Non content d’être le célèbre agresseur du frangin de la blonde Barbara, William Hinzman semble ne pas avoir eu sa ration de barbaque fraîche et va remettre le couvert 20 ans plus tard pour un nouveau film de morts-vivants : le bien nommé FLESH EATER. Et apparemment, ce jeûne prolongé lui a méchamment ouvert l’appétit…
Le jour d’Halloween, un groupe de kids, qui n’ont probablement pas inventé l’eau tiède, part en camping aux abords d’une forêt afin d’y célébrer dignement la fête des morts. Bières, musique et pelotage de tétons en bonne et due forme sont de la partie lorsque, non loin de leur campement de fortune, un fermier du coin va découvrir une étrange pierre tombale. Parfaitement dissimulée sous au moins 8 feuilles d’arbre et 3 millimètres de terre, la singulière sépulture va attiser la curiosité de l’agriculteur qui va entreprendre de découvrir ce qu’elle recèle. Faisant fi de l’avertissement gravé dans la pierre, le redneck va faire connaissance avec une goule bien décidée à contaminer la région par sa morsure zombificatrice…
Bien avant de passer comme un grand à la mise en scène de son premier long-métrage, le slasher ONE BY ONE en 1987, Hinzman va être un inconditionnel que l’on retrouvera souvent dans le sillage de big George. En sus de ses interventions en tant qu’interprète (LA NUIT bien entendu, mais aussi SEASON OF THE WITCH ou encore KNIGHTRIDERS, dans lequel il n’est pourtant pas crédité), William Hinzman va endosser différentes casquettes sous l’égide du réal’ de CREEPSHOW et se montrer particulièrement polyvalent. Chef-opérateur pour l’excellent LA NUIT DES FOUS-VIVANTS, assistant caméraman pour le classique de 68 et, selon la légende, il aurait même collaboré à l’élaboration de certains éclairages. Un mec qui touche, quoi.
Lorsqu’il passe une seconde et ultime fois derrière la caméra en 1988, Hinzman, Bill pour les intimes, va se lancer dans sa propre version d’une bande mettant en vedette les méfaits de nos cadavres ambulants favoris. S’il ne dispose que de très peu de moyens, on parle ici d’un budget qui avoisinerait les 60000 billets verts, le réalisateur va de prime soigner le déroulement de son scénario, afin de ne pas court-circuiter les bobines du père Georgy ayant vu le jour quelques années plus tôt.
Se souvenant probablement à bon escient des déboires juridiques que connu John Russo (le scénariste de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS) lorsque ce dernier écrivit l’intrigue du génial RETURN OF THE LIVING-DEAD de Dan O’Bannon, William Hinzman va s’arranger pour que la cause de la naissance de ses mangeurs de chair soit mise sur le compte d’un culte plus ou moins obscur à tendance satanique. Là où chez George Romero, le pourquoi du comment était plus évasif et de surcroît un chouia plus science-fictionnel. Mais mis à part cette délicate précaution, le William ne va quand même pas se gêner pour pomper allègrement certaines idées de la péloche du barbu.
Passée la dispensable mais impérative présentation des différents personnages, somme toute très superficielle, Hinzman attaque direct à la gorge et envoie la dose tant attendue d’hémoglobine. Et pour cela, il va recadrer les protagonistes dans des situations qui ne sont pas sans nous rappeler quelques bons souvenirs. Un siège un peu branlant dans une cabane dans laquelle gît l’une des nanas ayant été préalablement mordue, et qui n’attend que le moment fatidique pour se transformer. Une battue, organisée par les autorités afin d’abattre les contaminés qui ont le malheur de passer devant le viseur de villageois armés de fusils à la gâchette plutôt facile. Puis le sort réservé aux héros, enfin, des jeunes disposant d’un QI similaire à celui d’un bulot, qui se feront flinguer maladroitement lors d’un final qui, pour le coup, devient involontairement très drôle en offrant un clin d’œil non dissimulé à la disparition de Ben à la fin de LA NUIT. Bref, pas mal de références que j’imagine volontaires de la part du flesh eater en costard à l’égard de la pépite sortie deux décennies auparavant. Après, il y a pire comme source d’inspiration…
Et cela n’est en soi pas bien gênant. Pour la simple et bonne raison qu’Hinzman va faire preuve d’un brio assez inattendu pour porter à l’écran sa horde de joyeux drilles bouffeurs de tripailles. Même si l’on comprend vite que les dollars ne coulent pas à flot sur cette modeste prod’, et malgré les inconvénients d’un tournage en 16 mm, la réalisation ne va pas pour autant être à la ramasse. Si le rythme de cette série B est parfois très inégal, l’homme qui a failli nous soulager définitivement des beuglements incessants de cette chieuse de Barbara, va nous offrir un panel de séquences gorissimes du plus bel effet. On va de la morsure gerbante à la bastos qui te fait péter le citron, en passant par l’éventration suivie de prélèvements d’organes dont vont se repaître les créatures affamées, et on termine par un bon coup de hache en pleine
gueule qui éclabousse. Pas mal ce programme. Et comme dans tout bon bis qui se respecte, Hinzman va en sus nous gratifier dans la foulée de quelques plans nichons, ainsi que d’un passage dévoilant une jolie nymphette nue sous la douche, c’est plus pratique qu’habillée, que le zombie en chef se fera un plaisir d’aller boulotter au sortir de cette dernière, avec zoom sur les atouts mammaires de la gonzesse à l’appui.
Découvert pour ma pomme il y peu grâce à la très chouette édition parue chez Uncut Movies, je trouve que FLESH EATER est une excellente surprise. Très honnêtement, je m’attendais à, au mieux, un petit Z divertissant et sanguinolent, et je me retrouve finalement avec un bien chouette film de morts-vivants conçu avec passion et respect du genre. Comme quoi, en matière de cinéma, l’envie et le talent peuvent souvent pallier à bien des carences…
- Tom – (CosmoFiction – morbius501@gmail.com)
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RATMAN (1988)
Sperme de rat + ovule de guenon = Ratman ! Allons, allons, ne prenez pas cet air dégoûté, voyons. La recette est simple et efficace, certes, quelque peu risquée tout de même… C’est le cas du film de Giuliano Carnimeo que Tom vous présente aujourd’hui dans son premier article pour CosmoFiction. On le remercie !
RATMAN
de Giuliano Carnimeo – Italie – 1988
Avec : David Warbeck, Janet Agren, Eva Grimaldi, Nelson de la Rosa, Luisa Menon…
Sur une île paradisiaque, Fred Williams, un écrivain spécialisé dans le polar, va faire la rencontre de Terry, la fille d’un sénateur américain. Si l’homme a la plume qui saigne y est venu dans l’optique de trouver l’inspiration afin de rédiger son nouveau roman, la progéniture du politicien doit elle identifier ce que la police locale soupçonne être le cadavre de Maryline, sa sœur bien-aimée. Une fois en visite à la morgue, Terry va découvrir que la dépouille présentée par l’inspecteur en charge de cette affaire n’est autre que celui de Peggy, une amie proche de sa sœurette. Mais le plus étrange, c’est qu’il semblerait que cette dernière fut lacérée par ce qui s’apparente à des blessures causées par un ou plusieurs rats…
Le film de monstres est une valeur sûre au cinéma, et ce n’est pas nos amis italiens qui vont omettre ce détail, surtout en cette fin des années 80 où la lire se fait de plus en plus rare pour produire ce genre de bobine. Mis en scène par Giuliano Carnimeo, artisan providentiel qui aura traîné sa carcasse dans pas mal de série B dont quelques westerns plutôt recommandables (RINGO CHERCHE UNE PLACE POUR MOURIR, LE FOSSOYEUR), RATMAN est le stéréotype même de la petite bande ne bénéficiant guère d’importants moyens, mais dont le niveau va être considérablement élevé grâce notamment à un scénario audacieux et à une mise en scène qui, si elle n’est pas révolutionnaire, va se montrer diablement efficace.
Le ratman est le fruit d’une expérience génétique menée par un savant raté, ayant eu la bonne idée de le créer à partir de sperme de rat et d’ovule de guenon. J’imagine que bien des chercheurs doivent envisager ce type de projet dans le but de vouloir faire avancer la science… Seulement voilà, sa création, extrêmement agressive au demeurant, va échapper à son contrôle et partir dans une macabre épopée sanguinaire en tuant tous les protagonistes qui auront le malheur de croiser sa route. Et pour ça, notre hamster enragé est plutôt bien armé. Doté d’une intelligence particulièrement développée, d’un poison mortel qu’il inocule via ses griffes tranchantes comme des rasoirs, la petite monstruosité va se transformer en une véritable machine à tuer. Sous les traits de Nelson de la Rosa, que l’on a pu voir jouer du piano au côté de Marlon Brando dans L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU version Frankenheimer, l’abominable rongeur est clairement l’attraction principale de cette œuvre. Bien aidée par une trame lui faisant la part belle aux niveaux des apparitions, cette aberration scientifique ne va pas se faire prier lorsqu’elle va avoir la possibilité de dessouder les personnages qu’elle va être amenée à rencontrer. Et comme dans toute bonne prod’ italienne de cette époque, le budget hémoglobine va être plutôt généreux. En résulte donc un nombre important de passages gores carrément bienvenus, palliant de surcroît la linéarité d’une intrigue qui, si elle n’est pas déplaisante, aurait gagné à être davantage approfondie.
Difficile en effet d’avoir une quelconque empathie envers le pauvre Nelson, tant Carnimeo se contente de l’utiliser tel un outil de destruction au lieu de se pencher un peu plus sur sa genèse. Ça charcle, ça déchiquette, mais au final, on ne sait pas grand-chose sur l’horrible petite bestiole. Dommage. Bon, au moins, cette prise de position a le mérite d’aller droit au but, et ce n’est déjà pas si mal…
Pouvant se targuer d’un casting qui, sur le papier, a franchement de la gueule, devant la caméra du réal’ des EXTERMINATEURS DE L’AN 3000 c’est une tout autre histoire. L’excellent David Warbeck (HÉROS D’APOCALYPSE, L’AU-DELÀ), est à mille lieues des prestations qu’il a coutume de proposer. Ne semblant guère concerné par les attaques répétées du gerbille sur pattes, il semblerait que l’inoubliable interprète des AVENTURIERS DU COBRA D’OR soit venu cabotiner sur le plateau du Giuliano juste pour encaisser un chèque, que j’imagine assez modeste, dans l’intention de payer quelques factures et de remplir son frigo. En contrepartie, Carnimeo a eu l’idée lumineuse de s’offrir les services de l’une des plus belles choses à qui Dame Nature ait donné naissance de l’autre côté des Alpes : la sculpturale Eva Grimaldi. Exploitant pleinement le potentiel physique de la bombe du COUVENT DES PÉCHERESSES, Giuliano Carnimeo va nous gratifier d’une séquence de douche torride nous dévoilant Sœur désir intégralement nue, et poussant des gémissements contemplatifs à chaque passage langoureux de ses mains sur son corps divin. Rempli de connotations érotiques, l’ensemble se déroule, bien entendu, sous le regard avisé du ratman, qui pour le coup n’a même pas sa nouille de rongeur qui frétille. Étrange animal…
Même si parfois maladroite, QUELLA VILLA IN FONDO AL PARCO, son titre quelque peu racoleur en version originale, est un honnête bis doté de quelques fulgurances assez inattendues et, même si elle aurait pu bénéficier d’un traitement un peu plus qualitatif, peut se vanter d’avoir, en la présence du ratman, proposée un boogeyman vraiment intéressant. Un bel exemple de ce que nos amis italiens savaient encore faire en cette fin des années 80. Comme quoi, malgré le fait que nombre de détracteurs se plaisent encore à qualifier cette période de néant cinématographique concernant la série B italienne, une péloche comme RATMAN permet de reconsidérer leurs propos… Et puis bon, rien que pour assister à la douche d’Eva, ce film vaut bien tous les visionnages du monde…
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