PAROLES : PETER HYAMS ET « 2010, L’ANNÉE DU PREMIER CONTACT »
Peter Hyams avait au départ refusé de réaliser la suite de 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE. Il parle ici de la raison pour laquelle il est finalement revenu sur sa décision :
« Frank Yablans, le patron de la MGM, m’a dit : « Si vous lisiez d’abord le bouquin avant de dire non ? » Et j’ai bien vu qu’il n’y avait rien à opposer à une telle suggestion. J’ai donc lu le livre, et j’y ai trouvé deux choses qui m’ont fait changer d’avis. D’abord, il pouvait donner lieu à un film si différent de 2001 que toute comparaison serait absurde.
Ensuite, j’ai trouvé dans ce livre un thème qui me passionne, celui de la communication avec une forme de vie extraterrestre. Enfin j’ai vu aussi dans le sujet le moyen de faire un film qui, au fond, traiterait de la paix. La plupart des films de science-fiction essaient de nous en mettre plein la vue ; je me suis dit que 2010 pourrait peut-être nous en mettre plein le cœur. »
(Starfix n°25 – avril 1985) (CosmoFiction - morbius501@gmail.com)
PAROLES : BRIAN YUZNA ET « FROM BEYOND : AUX PORTES DE L’AU-DELÀ »
Brian Yuzna, producteur et scénariste de FROM BEYOND (1986), parle du sadisme présent dans le film de Stuart Gordon :
« Le film raconte l’histoire d’un savant qui veut aller au-delà des sens. Ses cinq sens ne lui suffisent pas, il veut autre chose ; il veut tout. Pour moi, les gens qui se livrent au sadisme et au bondage ne recherchent pas autre chose que l’exaspération de tous leurs sens. Ils veulent aller au bout de tout, trouver un plaisir plus intense, le plaisir absolu. Il n’y a rien de nouveau là-dedans : que font les gens qui s’imposent un jeûne sinon rechercher une forme d’extase ? Ce n’est pas autre chose que du masochisme, même s’ils ont le prétexte de la religion. Ça n’y change rien. C’est juste une façon de se surpasser. Tout ça s’intègre parfaitement. Nous ne sommes pas tombés sur ce concept du premier coup ; il a fait l’objet d’un long processus de maturation et nous avons écrit plusieurs versions différentes du script avant de nous avouer satisfaits. Mais l’histoire que nous avons mise au point tient debout. Elle va même très loin. C’est une histoire simple, mais d’une grande richesse. »
(L’Écran Fantastique n°77 – février 1987) (CosmoFiction - morbius501@gmail.com)
PAROLES : DAVID LYNCH ET « DUNE »
David Lynch parle ici du casting de son film DUNE (1984) : « La distribution est extrêmement importante. C’est un peu comme écrire le scénario. J’adore. Il n’existe peut-être que quatre ou cinq personnes au monde convenant pour certains rôles. Nous avons eu beaucoup de chance de trouver Kyle. C’est un acteur remarquable qui a toutes les qualités de Paul. Pour les autres, j’ai par exemple rencontré Sting chez Francis Coppola. Après avoir vu BRIMSTONE AND TREACLE (inédit), j’ai tout de suite su qu’il serait parfait pour le rôle de Feyd. »
(L’Année du Cinéma Fantastique 84/85 – éd. Bédérama) (CosmoFiction - morbius501@gmail.com)
PAROLES : ROB COHEN ET « RUNNING MAN »
Rob Cohen, l’un des producteurs de RUNNING MAN (1987) avec Keith Barish, s’exprime ici sur les raisons qui l’ont conduit à produire le film de Paul Michael Glaser : « J’avais tout de suite vu qu’on pouvait en tirer un film d’action qui avait quelque chose à dire dans un contexte un peu futuriste sans pour autant plagier BLADE RUNNER. On pouvait faire quelque chose de beaucoup plus intéressant en montrant ce qui pourrait arriver si la télévision et le Gouvernement ne faisaient qu’un : l’instrument utilisé par le Gouvernement pour détourner l’attention des problèmes sociaux retrouverait la grande tradition des combats dans l’arène tels qu’ils se pratiquaient jadis. Les idées développées par le film importe plus que les effets spéciaux, à moins d’admettre que les idées sont les effets spéciaux du film, puisqu’il y est question de la façon dont la vidéo peut manipuler la vérité et la vie. Mais je ne tiens pas à faire de la politique : on peut ignorer cet aspect des choses. Tout ce que je veux, c’est parvenir à un équilibre intéressant. On trouve dans le film toute la violence, toutes les cascades nécessaires pour en assurer le succès commercial. »
(L’Écran Fantastique n°74 – novembre 1986) (CosmoFiction - morbius501@gmail.com)
PAROLES : JIM HENSON ET « DARK CRYSTAL »
Jim Henson, réalisateur de DARK CRYSTAL (1982), parle des comédiens dans la peau des créatures du film :
« Il fallait d’abord décider de la façon dont se déplacerait chaque personnage. Pour les guerriers Garthims, nous avons essayé plusieurs façons. Puis Jean-Pierre Amiel (ndlr : Jean-Pierre Amiel est mime et chorégraphe suisse) a essayé à son tour, et il a trouvé tout de suite une curieuse façon de se déplacer latéralement ! Mais la plus grande épreuve pour nos interprètes fut de se libérer de la technique, de faire abstraction de la mécanique, d’apprendre à habiter les personnages. Il fallait qu’ils se familiarisent complètement avec eux, adoptent leur façon de penser, leur comportement, leurs tics et leur démarche. »
(CosmoFiction – morbius501@gmail.com)
MICHAEL ENDE ET « L’HISTOIRE SANS FIN », LE FILM
L’adaptation cinématographique du livre de l’Allemand Michael Ende, L’Histoire Sans Fin, ne fut pas sans poser des problèmes, notamment en ce qui concerne l’écriture du scénario. L’auteur lui-même fut invité à en rédiger sa version cinématographique, ce qu’il accepta. Mais malgré plusieurs versions revues et corrigées, Michael Ende fut finalement écarté du projet sans même en avoir été averti. Tout sera réécrit, et l’auteur reniera le film. Voici les propos assez durs que Michael Ende déclara alors à l’époque, en 1984, à la sortie du film de Wolfgang Petersen :
« Je savais parfaitement dès le départ qu’il était impossible de porter ce livre à l’écran, bien sûr, aussi l’avais-je modifié – j’y étais bien obligé – pour le rendre « filmable ». J’avais écrit plusieurs nouvelles scènes qui sont toujours dans le film. Je n’avais pas très envie de voir adapté mon roman au cinéma, mais ces gens de cinéma parlent si bien… Ils m’avaient raconté qu’ils voulaient faire un film que je puisse totalement approuver, parfaitement conforme à mon esprit. Je ne retrouve pas dans le film l’essence de mon roman. Il n’y reste plus que quelques images, des endroits et des personnages, mais en dehors de toute signification et de tout contexte. Les problèmes inhérents de tirer un film d’un livre n’ont été résolus que par la pure et simple élimination de tout ce qui pouvait justement poser problème, c’est-à-dire que toute profondeur, tout sérieux et tout sens artistique ont été bannis du résultat. Ils en ont fait un film digne de Walt Disney, une sucette pour les adolescents. »
(L’Écran Fantastique n°50 – novembre 1984) (CosmoFiction)
JESS FRANCO ET « LES PRÉDATEURS DE LA NUIT »
Jess Franco (Jesús Franco Manera) parle ici des personnes qui ont travaillé sur l’adaptation du scénario des PRÉDATEURS DE LA NUIT (1988) : « Un écrivain de la collection « Gore » et Michel Lebrun un complice de René Château, ils ont travaillé ensemble sur le scénario du MARGINAL, qui a écrit une centaine de scénarios et, dernièrement, a participé au NOM DE LA ROSE. Il n’a pas collaboré très longtemps mais son apport a été extrêmement positif pour la construction de l’histoire et la définition des personnages. Trois autres écrivains sont également intervenus à un moment ou à un autre, mais le plus drôle c’est que ces gens habitués à écrire des récits ou des romans fantastiques se sont révélés les plus cartésiens. Moi, bien entendu, je ne le suis pas et René Château peut-être encore moins. Les idées les plus folles viennent donc de lui parce que c’est un véritable fou de fantastique et d’épouvante. René a une connaissance extraordinaire de ce cinéma et il est donc normal que les idées lui viennent plus facilement qu’aux autres. Il ne faut pas oublier qu’il est le distributeur de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE, ZOMBIE et DEATH WARMED UP ! Généralement, quand le cinéma européen se met à faire du fantastique, il manque de folie car il essaie toujours de garder les formes, d’être logique à l’intérieur d’une logique cinématographique complètement fausse. Ce n’est pas le cas avec René Château qui, dès le départ, et c’était la seule chose qui comptait pour lui, souhaitait rester dans le monde du physiquement possible. »
(L’Écran Fantastique n°90 – mars 1988) (CosmoFiction)
JOHN CARPENTER ET « STARMAN »
John Carpenter exprime ici les raisons qui l’ont conduit à réaliser STARMAN : « Je me suis rendu compte que pendant des années, j’avais été un metteur en scène de cult-films, bien payé pour faire le genre de films qui me plaisaient. Mais l’ennui, c’est que les gens ne m’associaient plus qu’à l’horreur et à la science-fiction, et c’est ce qui m’a amené à me lancer dans autre chose. Quand on m’a proposé STARMAN, je me suis senti personnellement impliqué dans cette histoire émouvante, chaleureuse, et j’y ai vu une occasion de raconter une histoire plus intime, plus humaine que tout ce que j’avais fait jusqu’à présent. »
(L’Écran Fantastique n°56 – mai 1985) (CosmoFiction)
JAMES CAMERON ET « ALIENS, LE RETOUR »
Extraits d’une interview de James Cameron parue dans L’Écran Fantastique n°73 d’octobre 1986.
À propos de la Reine des Aliens : « Il me semblait, bien que ce ne soient pas les extraterrestres qui manquent tout au long du film, qu’il était très important de mettre en scène quelque chose qui n’existait pas dans ALIEN. Les autres créatures sont plus ou moins inspirées des dessins de Giger, et je tenais à montrer une autre forme de vie tout à fait distincte. En outre, cela n’est pas gratuit : la conception du « monstre » en dit long sur quantité de détails, comme leur organisation sociale, par exemple. Pour moi, la Reine est un personnage, bien plus qu’un animal ou une chose… »
À propos de l’aspect de la Reine des Aliens : « [...] C’est moi qui l’ai dessinée, et Stan Winston en a fait une sculpture. Nous nous sommes efforcés de rester dans la perspective montrée par Giger, sans toutefois en demeurer prisonnier. »
À propos des Aliens : « [...] Tous les monstres que l’on voit dans le film sont incarnés par des acteurs de taille normale, mais très maigres, les plus minces que nous ayons pu trouver, et qui avaient encore la force voulue pour faire les mouvements requis. Il faut dire qu’ils devaient être très souvent suspendus à des fils, ce qui exige pas mal de force et d’agilité. Nous nous sommes en revanche concentrés sur la vitesse, sur la rapidité et sur l’habileté physique. »
À propos des Marines et de leur langage : « [...] Ce qui m’intéressait avant tout, c’était précisément de retrouver la tension dramatique de ces films des années 40 et 50 mettant en scène des soldats classiques, si vous voulez. Les dialogues rappellent l’époque de la guerre du Viet-Nam. C’est le langage « guerrier » le plus contemporain que l’on connaisse, en Amérique. J’ai étudié la façon de parler des soldats pendant la guerre du Viet-Nam et j’ai repris certaines formules, certaines tournures du langage dans les dialogues du film afin d’évoquer, dans l’esprit du public, une expédition militaire plutôt que futuriste, ou technologique. Je voulais tirer l’aventure dans le sens du réalisme et non pas de l’avenir, aussi intéressant soit-il. »
À propos de l’exosquelette piloté par Ripley : « [...] Pour ce qui concerne ce film, je voulais que la confrontation finale avec l’extraterrestre soit un combat au corps à corps. C’était plus personnel, plus intense qu’avec des armes à feu, qui sont une façon très distanciée de donner la mort. Et puis les armes à feu charrient toutes sortes de connotations dont je ne voulais pas. Mon but était donc d’en finir avec la créature à l’issue d’un combat à main nue, mais Ripley n’avait une chance de s’en sortir qu’à condition de se trouver à égalité de force ; il fallait donc que j’obtienne un moyen de décupler ses forces sans recourir à un moyen à peine digne d’une bande dessinée, comme de lui faire ingurgiter une potion magique. »
À propos de l’influence de Sigourney Weaver sur son personnage : « [...] Elle avait des idées sur certaines répliques et elle est intervenue au niveau du dialogue. Nous avons entièrement revu le dialogue ensemble et nous l’avons modifié lorsqu’elle sentait qu’il le fallait. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble : la réécriture, les répétitions… Le scénario n’a pas tellement changé à la suite de ses interventions, mais il a été adapté en fonction de ses réactions. »
STEVE GERBER ET « HOWARD… UNE NOUVELLE RACE DE HÉROS »
Steve Gerber, le créateur du personnage de comics Howard the Duck, s’exprime ici sur l’apparence de son canard dans la version cinématographique réalisée par Willard Huyck : « Il est évident que c’était un problème technique difficile à résoudre, mais je crois qu’ils s’en sont bien sortis. J’ai rencontré ce Canard, je lui ai parlé, et pas une seconde il ne m’est venu à l’esprit que ce n’était pas un canard mais un homme. Pour moi, c’était une créature. Si je le rencontrais dans la rue, je serais stupéfait. Les traits du visage ont été quelque peu modifiés en fonction de la technologie, et il est blanc au lieu d’être jaune, ceci en raison des impératifs de la photo en couleur. Mais je crois que le résultat est bon. Ce n’est pas exactement le Canard des bandes dessinées, mais il fait autant d’effet. »
(L’Écran Fantastique n°75 – décembre 1986) (CosmoFiction)