BYE, JAMES HORNER…

BYE, JAMES HORNER... dans MUSIQUE 15062708272315263613401190James Horner nous a quitté cette semaine à l’âge de 61 ans, bêtement, dans un accident d’avion, son propre avion qu’il pilotait… Considéré, sans doute à juste titre, comme l’un des plus grands compositeurs de musiques de films, on lui doit les bandes originales de BRAVEHEART, LE NOM DE LA ROSE, TITANIC, APOLLO 13, AVATAR… Mais pour nous, cosmophiles, fans de films de SF et de Fantastique des années 80, James Horner incarne, avec le grand Jerry Goldsmith, les plus mémorables B.O. des Eighties avec KRULL, STAR TREK II, COCOON, WILLOW… et notamment certains thèmes musicaux parmi les plus émouvants du cinéma que l’on aime. Souvenirs d’un fan infidèle… 

En 1984, Dominique Monrocq écrivait dans « James Horner : émergence d’un jeune compositeur »  (L’Année du Cinéma Fantastique 84-85 / éd. Bédérama) :

« Les compositeurs pour le cinéma sont courtisés comme des stars ! Un musicien connu cité dans un générique est une garantie de qualité aussi importante que la renommée du réalisateur ou des interprètes. Et face à des gens comme John Williams ou Jerry Goldsmith qui « contrôlent » quasiment le marché des grosses productions hollywoodiennes, James Horner fait figure d’outsider en puissance. Avec pour principal avantage des cachets encore nettement inférieurs à ceux de ses collègues plus célèbres.

discÂgé d’à peine trente ans, James Horner ne maîtrise pas encore un style qui lui serait personnel. Témoignant d’une compétence orchestrale manifeste, ses partitions rappellent dans leur forme l’écriture de Goldsmith. D’ailleurs Horner l’avoue lui-même sans aucun complexe, et ce dès LES MERCENAIRES DE L’ESPACE. À la demande des producteurs, sa composition s’inspirait largement de la musique de STAR TREK (le film). Pour une série B parodique dans l’esprit, une telle partition ne pouvait qu’amener un degré supplémentaire dans la démesure. En conséquence, la surprise fut grande quand Horner écrivit la musique de STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN. L’élève servile venait de remplacer le Maître. Il devenait dans la foulée un auteur à suivre avec attention. À défaut de faire preuve de génie, Horner a prouvé avec LA FOIRE DES TÉNÈBRES et surtout BRAINSTORM, qu’il avait accompli de gigantesques progrès depuis l’époque des œuvres à petit budget de la New World. Même si les chœurs célestes et les arrangements ne sont pas éloignés de RENCONTRES DU 3e TYPE, la force émotive de la musique décuple l’impact du film de Trumbull. L’image n’est rien sans une harmonie qui l’accompagne et la sert. James Horner a compris cette relation et possède l’étoffe nécessaire pour devenir un futur compositeur de premier plan. Il lui suffit d’attendre un travail qui, coïncidant avec son évolution propre, lui permettra de dévoiler ses possibilités latentes. Il possède déjà la confiance de plusieurs grands studios (la Paramount exigea qu’il remplace Basil Poledouris – John Milius oblige ! – pour RETOUR VERS L’ENFER). Ce qui, en des temps où Michel Legrand ne peut s’empêcher de gâcher JAMAIS PLUS JAMAIS, est un atout que Horner aurait tort de négliger ! »

disc2C’est avec une certaine émotion que j’ai appris la mort de James Roy Horner en ce début de semaine. J’ai pu entendre resurgir dans ma tête des musiques de films, des thèmes, et surtout un style musical propre que j’appréciais beaucoup dans les débuts du compositeur, dans cette riche période des années 80 où le cinéma fantastique et de science-fiction lui doit énormément de B.O. Quelques titres ? Allons-y :

LES MONSTRES DE LA MER (Humanoids from the Deep, 1980), LES MERCENAIRES DE L’ESPACE (Battle Beyond the Stars, 1980), LA MAIN DU CAUCHEMAR (The Hand, 1981), WOLFEN (1981), LA FERME DE LA TERREUR (Deadly Blessing, 1981), STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN (Star Trek II : The Wrath of Khan, 1982), LA FOIRE DES TÉNÈBRES (Something Wicked This Way Comes, 1983), SPACE RIDERS (1983), KRULL (1983), BRAINSTORM (1983), LE DERNIER TESTAMENT (Testament, 1983), STAR TREK III : À LA RECHERCHE DE SPOCK (Star Trek III : The Search for Spock), COCOON (1985), BARBARIAN QUEEN (1985), LES MAGICIENS DU ROYAUME PERDU (Wizards of the Lost Kingdom, 1985), ALIENS, LE RETOUR (Aliens, 1986), MIRACLE SUR LA 8e RUE (Batteries not Included, 1987), WILLOW (1988), LE PETIT DINOSAURE ET LA VALLÉE DES MERVEILLES (The Land Before Time, 1988), COCOON, LE RETOUR (Cocoon : The Return, 1988) et CHÉRIE, J’AI RÉTRÉCI LES GOSSES (Honey, I Shrunk the Kids, 1989).

Sans être un véritable mélomane, et encore moins un musicien, j’ai toujours eu malgré tout une oreille attentive pour les musiques de films, et ce depuis tout jeune. J’accorde beaucoup d’importance aux B.O., aux génériques de séries TV. En ce qui concerne James Horner, je l’ai découvert pour la première fois vers mes 14 ans, chez un pote qui achetait des B.O. de films de SF davantage pour m’épater que par plaisir de les écouter. Lorsqu’il a lancé le vinyle 33 tours des MERCENAIRES DE L’ESPACE, je suis tout de suite tombé à la renverse, à la fois par la puissance du son et la beauté du thème ! Le Main Title déchirait sous les percussions et les cuivres ! C’était de la vraie B.O., comme je l’aime pour un space opera : épique, grandiose et pleine de promesses ! Promesses par forcément tenues par ce film réalisé par Jimmy T. Murakami et produit par Roger Corman, mais peu importe ! Déjà, je retenais le nom : James Horner ! Un p’tit nouveau qu’il me faudrait obligatoirement suivre de près.

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J’ai longtemps voulu acheter la B.O. des MERCENAIRES DE L’ESPACE, mais le 33 tours n’était pas en vente en Nouvelle-Calédonie. Mon pote l’avait ramené d’Australie… Rage ! Qu’à cela ne tienne ! 30 ans plus tard je pouvais enfin commander la musique du film en CD sur l’excellent site américain de vente de B.O. rares : Buysoundtrax. Depuis, je réécoute très régulièrement ce Main Title dont je ne me lasse pas !

Oui, il est évident qu’à ses débuts James Horner ne se privait pas de plagier à outrance Jerry Goldsmith, et notamment dans certains morceaux des MERCENAIRES DE L’ESPACE. Ce fut le cas aussi, bien sûr, pour STAR TREK II et III. Le pire, c’est que, très souvent, il s’auto-plagiait lui-même ! J’avais fini par le surnommer gentiment le « photocopieur » dans les conversations que nous avions entre membres d’une association de science-fiction calédonienne.

En 1981 je devais le retrouver dans l’excellent WOLFEN de Michael Wadleigh. Dès le générique, j’étais dans l’ambiance mystérieuse et inquiétante de ce film fantastique, et là encore notre James s’amusait à marcher sur les traces du grand Goldsmith !

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Puis vint STAR TREK II : LA COLÈRE DE KHAN, en 1982. J’avoue avoir été littéralement abasourdi par la beauté et la richesse de la bande originale du film de Nicholas Meyer. James Horner remplaçait magistralement Jerry Goldsmith sur STAR TREK ! Violente, épique, ample et majestueuse, la musique de STAR TREK II demeure encore aujourd’hui l’une des plus belles de notre compositeur, avec la reprise du célèbre thème d’Alexander Courage…

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Cependant, avec KRULL en 1983, James Horner atteignit des sommets. Si le film s’avère malheureusement raté, la B.O. est absolument somptueuse. Wikipédia déclare d’ailleurs très justement à son sujet : «  Le réel intérêt de ce film résiderait dans sa bande son (composée par James Horner), considérée comme un véritable chef-d’œuvre dans le genre des musiques de film. »  Avec ses chœurs et l’emploi du London Symphony Orchestra, la bande originale de KRULL est un must…

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Ensuite, en 1985, je fus conquis à nouveau mais cette fois par la B.O. de COCOON, le merveilleux film de Ron Howard. Son générique servira d’ailleurs, 30 ans plus tard, à la bande-annonce de SUPER 8 de JJ Abrams, hommage aux films des années 80 à la façon Spielberg. Autrement dit : les meilleurs ! COCOON possède également des morceaux très émouvants, en particulier celui de la mort de Rose (Rose’s Death) que je joins ici en deuxième extrait.

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En 1986, James Horner rencontra pour la première fois James Cameron à l’occasion de la suite d’ALIEN, LE HUITIÈME PASSAGER : ALIENS, LE RETOUR. À partir de là, on les retrouva souvent ensemble. Consécration : sa partition pour ALIENS fut nominée aux Oscars. Même si l’on est loin de l’excellence de la B.O. de Jerry Goldsmith pour ALIEN, celle de Horner présente bien des qualités.

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Avec WILLOW, film de Ron Howard, en 1988, James Horner nous offrit une bande originale extraordinaire, très inspirée, et véritablement magnifique. Nous sommes dans l’heroic fantasy, et notre compositeur nous envoûte en nous plongeant au cœur du Merveilleux.

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Et ce sera en cette fin d’années 80, début des années 90, que mon immense admiration pour Horner commence à flancher. Pourquoi ? Je le trouve désormais beaucoup moins inspiré, moins original et trop sage… voire même plutôt médiocre par moments. Ce qu’il a gagné en maturité sur le plan musical et qui plaît tant aux autres me déplaît… Ce qui ne veut pas dire, bien évidemment, que je renie son œuvre à partir de là. Mais avant je reconnaissais d’office le style Horner dès le début d’un film sans même savoir s’il en avait composé la partition. Par la suite, il se confondra dans la masse des compositeurs, du moins à mes yeux, ou plutôt à mes oreilles. Et si avant j’achetais sans la moindre hésitation n’importe quelle B.O. estampillée James Horner, je finirai ensuite par les laisser dans les bacs. Je signale que je possède tout de même celle de TITANIC, que j’apprécie énormément…

James HornerMais Horner, c’est assurément un compositeur comme le cinéma fantastique et de SF en a rarement connu. Et c’est assurément avec John Williams et Jerry Goldsmith, l’un des trois plus grands. Que nous reste-t-il aujourd’hui en dehors du grand John Williams ?… James Newton Howard, sans doute, John Ottman, peut-être, mais certainement pas Hans Zimmer. Sa musique inexpressive, sans âme et sans saveur correspond exactement à ce qu’en a dit John Ottman, à une certaine standardisation de la B.O. d’aujourd’hui : « C’est un son qui rassure les producteurs parce qu’il est interchangeable. Du coup, pour éviter de se faire virer, c’est ce que proposent les compositeurs. Leur musique sert ensuite de temp track sur un autre film, et le cycle continue, processus accentué par le fait que pas mal de monteurs collent ce type de musique dans les films pour se faciliter la tâche. À force, personne n’arrive à imaginer autre chose, donc c’est recopié encore et encore. Si quelqu’un se donnait la peine de construire un temp track qui relève le niveau, peut-être arriverait-on à éviter l’invasion de ce type de son, d’autant qu’il ne rend pas service aux films. » 

Oui, il n’est pas près de revenir  le temps des Horner…

On finit par ce merveilleux thème tiré de la B.O. du film d’animation LE PETIT DINOSAURE ET LA VALLÉE DES MERVEILLES (1988) , un thème qui commence tout guilleret pour devenir peu à peu très émouvant, suivi de la remise du prix Max Steiner à James Horner, en 2013, à Vienne.

Merci à toi pour toutes ces merveilleuses musiques, James, des B.O. qui me rappellent de formidables moments de ma vie.

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- Morbius – (CosmoFiction)

(À lire également, la dernière interview de James Horner sur telerama.fr)

 


Un commentaire

  1. Trapard dit :

    Merci pour cet article, Morbius.
    So long, Mister Horner.
    (j’espère que mon comm va passer car j’écris d’un vieux PC ce weekend)

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