ZOMBIES DES ANNÉES 80, OUI MAIS ZOMBIES JUSQU’AU BOUT DES SEINS ! (partie 4)
Dernière partie du grand dossier trapardien sur les zombies des années 80, ceux qui savaient danser le disco (ah non ?) et mordre dans la vie, pardon, et mordre dans la chair à pleines dents. Si vous avez honteusement raté les trois précédentes, voilà la première, la seconde et la troisième.
TRÈS BREF RETOUR AUX ORIGINES ANCESTRALES
Avec L’EMPRISE DES TÉNÈBRES (1988, The Serpent and the Rainbow) de Wes Craven, c’est un nouveau virage en cette fin de décennie, avec un vrai retour aux morts-vivants nés de sources vaudou et haïtiennes. Ce n’est ni WHITE ZOMBIE (1932), ni VAUDOU (1943, I walked with a Zombie), L’EMPRISE DES TÉNÈBRES est exempt de toute poésie et nous plonge dans l’horreur la plus insaisissable, entre maffia politique haïtienne et rites vaudous.
Denis Allan, un anthropologue diplômé de Harvard, est de retour à Boston après un long séjour en Amazonie où il a pu étudier et expérimenter les drogues utilisées par les chamanes. Un représentant d’une entreprise pharmaceutique lui propose alors de se rendre en Haïti, en quête d’une hypothétique substance utilisée par les sorciers vaudous pour zombifier leurs victimes. Allan se rend donc sur l’île, où il sera confronté à la puissance ténébreuse du Vaudou, à son emprise sur la société haïtienne, et à l’usage qu’en font les sbires du dictateur Jean-Claude Duvalier…
PUIS ENCORE UNE CUILLÈRÉE DE BOLOGNAISE SUR MON MAC-ZOMBIE SVP !
Évidemment, face aux succès du JOUR DES MORTS-VIVANTS, du RETOUR DES MORTS-VIVANTS et de leurs quelques dérivés américains, la production italienne ne pouvait rester de marbre. Souvenez-vous que L’ENFER DES ZOMBIES de Lucio Fulci fut vendu en 1979 comme un ZOMBI 2, fausse suite de ZOMBIE (1978, Dawn of the Dead) de George A. Romero. Dépêché d’urgence, Lucio Fulci, alors âgé et malade, tentera la réalisation d’un ZOMBI 3 (1988) aka ZOMBIE FLESH EATERS 2 que termineront les réalisateurs, Bruno Matteï et Claudio Fragasso, donnant au résultat un film assez bancal. Le même Fragasso tournera d’ailleurs aussi OLTRE LA MORTE (1988) vendu comme un ZOMBIE 4 : AFTER DEATH ou ZOMBIE FLESH EATERS 3.
Et là où cela se complique un peu entre les sorties en salles et la distribution en VHS, c’est que le navet de Joe D’Amato et de Claudio Lattenzi, KILLING BIRDS : UCELLI ASSASSINI est sorti en 1987 (en France, nous le connaissons sous le titre KILLING BIRDS, qui est sûrement une référence au très bon giallo BLOODY BIRD de Michele Soavi sorti la même année). KILLING BIRDS se voit réattribuer quelques nouveaux titres pour de nouvelles rééditions comme ZOMBIE 5, ou L’ATTAQUE DES MORTS-VIVANTS, ou encore DARK EYES OF THE ZOMBIES ou même RAPTORS, et bien entendu on n’y trouve aucun dinosaures, et les zombies ne sont que des ajouts inutiles à un film qui traite d’un tout autre sujet : Un homme revient du Vietnam et découvre sa femme au lit avec un autre homme. Il leur tranche la gorge, mais les corbeaux de la région attaquent le vétéran et lui arrachent un œil… Je n’ai pas trop compris la suite de ce scénario fourre-tout, et je ne suis pas certain que les scénaristes et monteurs ont compris eux-mêmes grand chose à ce qu’ils faisaient avec ce film, qui a simplement le mérite de symboliser ce que fut la chute du glorieux cinéma bis italien en cette fin des années 80.
CONCLUSION (LA VRAIE) !
Finalement que dire de ce flot de zombies se déchaînant sur les années 80 (et qui est déjà de retour dans nos années 2000) ? En 1968, n’étaient-ils que des croque-mitaines dans LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (1968, Night of the Living Dead) ? Souvenez-vous de l’inquiétante apostrophe d’un frère à sa sœur « Ils sont venus pour te chercher Barbara ! ». Puis à la fin des années 70, Ken Foree annonçait dans ZOMBIE (1979, Dawn of the Dead) : « Lorsqu’il n’y aura plus de place en Enfer, les morts redescendront sur Terre ». Un slogan qui annonçait que même dans un pays où la peine de mort est légale, ses mégapoles regorgeaient d’ultra-violence.
Mais qui sont ces morts finalement, à part ce simili-humain qu’on évite comme la peste (ou n’importe quelle IST) : « Le virus peut se diffuser lors d’une morsure, en contact de la salive ou du sang » (ZOMBI 3, 1988). Décharnés mais ressemblant encore aux Hommes, ils gardent tous leurs anciens réflexes sociaux et errent dans les villes comme ils le faisaient dans leurs anciennes vies, en quête de barback. Ils attendent de croiser « une vie » pour la lui ôter. En inversant cette image, c’est un peu comme si la Mort se resserrait autours des vivants qui n’en sont finalement réduits qu’à un ultime combat (le plus effrayant peut-être pour l’être humain) : échapper au baiser de la Mort.
Enfin, dans ce monde de quête d’uniformité qui est le nôtre, la zombification serait presque amusante, et particulièrement si uniformité rime avec une certaine quête du Beau et de la beauté. Devenir un affreux zombie serait un peu comme rater son lifting et comme dirait Herbert West : « Oublie-là Dan ! Elle n’est qu’un assemblage de système tissulaire mort ! » ( RE-ANIMATOR 2, 1990).
- Trapard – (CosmoFiction)
FIN !