COSMOFICHE : LE DRAGON DU LAC DE FEU (1981)
LE DRAGON DU LAC DE FEU (DRAGONSLAYER)
Année : 1981
Réalisateur : Matthew Robbins
Scénario : Hal Barwood & Matthew Robbins
Production : Howard W. Koch (Walt Disney / Paramount)
Musique : Alex North
Effets spéciaux : ILM
Pays : USA
Durée : 109 min
Interprètes : Peter MacNicol, Caitlin Clarke, Sir Ralph Richardson, John Hallam, Peter Eyre, Ian McDiarmid…
L’HISTOIRE
Un dragon terrorise les habitants d’une région. Afin de calmer la bête, le roi fait sacrifier de jeunes vierges. Mais un vieux magicien et son apprenti décident d’aller tuer le monstre…
UN DRAGON POUR 13 SCÉNARIOS
C’est en pleine période où les échecs des studios Walt Disney se succèdent et où la célèbre maison de production cherche à se donner une nouvelle image que naît LE DRAGON DU LAC DE FEU. L’époque laisse peu de place aux films appartenant au Merveilleux et à l’Heroic Fantasy, le public préférant alors le cinéma de science-fiction, par conséquent le projet nage à contre courant, et l’on peut s’étonner de l’accord des studios.
On doit LE DRAGON DU LAC DE FEU à deux hommes : Hal Barwood et Matthew Robbins (lesquels, pour la petite histoire, on fait découvrir Ralph McQuarrie à George Lucas). Avant de parvenir à une version qui les satisfasse, Barwood et Robbins écriront treize scénarios du film ! Leur connaissance en matière d’effets spéciaux représentera un atout non négligeable pour la mise en chantier du DRAGON DU LAC DE FEU (nos deux hommes ont assisté à la création d’Industrial Light and Magic).
UN DRAGON ET 18 MILLIONS DE DOLLARS
Le projet prend progressivement une telle envergure que le budget atteint bientôt les 18 millions de dollars, une somme énorme pour l’époque. Walt Disney s’associe alors à Paramount pour produire le film. 40 des meilleurs techniciens au monde travaillent sur LE DRAGON DU LAC DE FEU (parmi eux Brian Johnson, Dennis Muren, Phil Tippett…) dont la plupart ont travaillé sur STAR WARS IV, RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE et ALIEN. Le film nécessitera deux années.
POUR UN MOYEN ÂGE AUTHENTIQUE
Dès le départ, Barwood et Robbins ne souhaitent pas que LE DRAGON DU LAC DE FEU s’apparente à un merveilleux conte de fées. Au contraire, les deux hommes font tout pour décrire un Moyen Âge authentique, à la fois plongé dans l’obscurantisme, les croyances et la misère, cela afin de gagner en crédibilité aux yeux du public. Les décors sont soignés, et l’éternelle grisaille du film contribue à son atmosphère souvent sinistre. En ce qui concerne le tournage en extérieurs, Barwood déclare : « Le temps n’était pas toujours très beau. Nous avions beaucoup de problèmes à cause du temps. Nous tournions pendant l’été écossais et gallois, et pourtant nous avons eu de terribles pluies ! » L’histoire du film se déroule dans le monde d’Urland. Barwood précise : « Nous pensions que cela ressemblerait à l’Angleterre au début du VIe siècle. En général, nous avions plus en tête un endroit historique qu’un site fantastique, parce que cela correspondait à notre idée que tout devait avoir un aspect très réel. Nous savions que nous choisirions les îles britanniques, parce qu’elles ont l’aspect, le paysage, l’arrière-plan rocheux, le ciel bas et couvert de nuages que nous recherchions. Nous avons créé ce monde en construisant 18 décors différents. Quatre plateaux principaux furent nécessaires aux Studios Pinewood. Des tonnes de ciment, plastique, de faux rochers, etc., ont été disposés avec soin sur une surface de plusieurs hectares. »
LA VEDETTE : VERMITHRAX PEJORATIVE
Toujours dans cette optique de conférer au film une certaine crédibilité, Barwood et Robbins se refusent à y introduire des créatures fantastiques tels que des elfes ou des gnomes. Tous leurs efforts vont alors converger vers une seule et même créature : le dragon. Créature légendaire s’il en est, le dragon est ici la vedette du film, et quelle vedette ! Barwood et Robbins vont jusqu’à lui donner un nom latin :Vermithrax Pejorative (le ver maléfique de Troie) !
Le dragon du film sera conçu par David Bunnett et Phil Tippett des studios ILM de George Lucas, à partir des idées de Barwood et Robbins qui auront pour l’occasion compulsé et étudié toutes les publications en rapport avec la créature fantastique. Le monstre se devait d’être très impressionnant et imposant, à tel point que lorsque Vermithrax déployait ses ailes, le public devait s’imaginer une envergure d’environ 27 mètres ! Et, plus que tout, Vermithrax devait être absolument crédible au risque de ridiculiser le film. Ainsi, 4 millions de dollars seront nécessaires pour sa conception, et notre dragon sera l’objet de toutes les attentions. Il est le résultat à l’écran des effets spéciaux les plus aboutis en matière d’effets optiques, d’animation en stop-motion, d’intervention de l’informatique, d’effets de maquillages et mécaniques. Plusieurs versions deVermithrax seront conçues en différentes tailles (de quelques centimètres à plusieurs mètres). Un modèle réduit situé sur un moteur spécial pourra même bouger 16 parties différentes du corps simultanément.
Danny Lee et son équipe fabriquent également une tête aux yeux et aux mâchoires articulées au bout d’un cou de 4,80 mètres de long (pour un poids de 2 tonnes !), une queue mobile de 6 mètres, une patte griffue et des ailes de 18 mètres d’envergure. La peau de Vermithrax sera en uréthane. L’ensemble sera conçu en deux mois seulement. Brian Johnson (COSMOS 1999, L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE…) supervisera les effets mécaniques d’une grande difficulté à coordonner car les pannes se succèdent et les mouvements du dragon s’avèrent plutôt saccadés. Dix personnes sont parfois nécessaires pour permettre à la créature de se mouvoir convenablement. Cependant ce travail de titan portera à la longue ses fruits et Vermithrax s’offrira alors son premier rôle à l’écran.
Hal Barwood déclare à propos du repaire du dragon : « C’est Elliot Scott qui a conçu le décor du repaire du dragon, occupant à lui seul deux plateaux ! Ce décor devait être soigneusement protégé contre les dangers du feu. En fait, les sapeurs-pompiers de la région étaient toujours présents. Peter McNicol a montré beaucoup de courage lorsqu’il a traversé les flammes et tout le reste ! »
LE VIEIL HOMME À LA MAIN DE FER
Sir Ralph Richardson (Ulrich) incarne brillamment le vieux magicien détenteur d’un savoir interdit tandis que Peter MacNicol joue le jeune Galen pour son premier rôle au cinéma. Barwood déclare au sujet des acteurs du film : « Matthew est allé à Toronto, New York, Los Angeles et San Francisco, où nous avons vu beaucoup d’acteurs pour les rôles de Galen et Valériane, les deux jeunes premiers. Il nous a tout simplement fallu beaucoup de temps pour trouver les acteurs qui semblaient répondre aux besoins dramatiques que nous avions en tête. »
En ce qui concerne Sir Ralph Richardson : « Pour ce qui est de Sir Ralph Richardson, nous avions pensé à lui en écrivant l’histoire. C’est étrange, parce que à deux occasions, la même chose s’était passée, et dans les trois cas, l’acteur auquel nous pensions a fini par jouer le rôle ! Il est très rare d’écrire un rôle avec un acteur en vue. Cela peut d’ailleurs être très dangereux pour la rédaction de l’histoire. Mais nous trouvions que Sir Ralph Richardson avait une très grande maîtrise de son rôle, et qu’il pouvait incarner un vieil homme à la main de fer et être empreint d’une sorte de pouvoir charismatique, sauvage et démentiel. Nous avons donc pensé que nous devrions lui présenter l’histoire, pour savoir s’il aimerait jouer le rôle, nous l’avons fait et il a accepté. »
UNE RÉFÉRENCE
LE DRAGON DU LAC DE FEU demeure encore aujourd’hui une référence en la matière, en particulier, on s’en doute, pour son dragon d’une crédibilité rarement atteinte au cinéma. À la fois cruelle, féroce, effrayante et majestueuse, la créature fantastique qui hante les légendes du monde entier depuis des siècles trouve enfin un film qui restitue avec honneur toute sa force et son image impressionnante. Chacune de ses apparitions est superbe.
Le film de Barwood et Robbins s’affranchit du monde souvent mièvre de Disney. Cette fois, on ne s’adresse plus aux enfants mais aux adultes, avec des scènes parfois cruelles où l’on frôle l’horreur, et avec l’univers sombre d’un Moyen Âge inquiétant. Quant aux acteurs, Sir Ralph Richardson nous offre un puissant magicien maître de son art alors que Peter MacNicol s’avère peut-être un peu fadasse dans le rôle du jeune Galen, et surtout il ne possède pas la gueule de l’emploi.
LE DRAGON DU LAC DE FEU, s’il est aujourd’hui dépassé par les dragons de l’ère du numérique, aura marqué d’une pierre blanche le cinéma du Merveilleux, et son dragon est loin d’avoir vieilli. Il paraît encore plus beau que jamais face aux versions de pacotille présentées dans des films tels que DONJONS ET DRAGONS.
L’AVIS DES SPÉCIALISTES
« Dragonslayer est un film audacieux à plus d’un titre : premier grand film de « fantasy » pure, il s’est refusé, à un certain niveau, d’exploiter le genre dans ses aspects les plus commerciaux pour, au contraire, rester fidèle à un esprit très traditionnel. » (Jean-Marc Lofficier / L’Ecran Fantastique n°27 d’octobre 1982)
« Pendant près de deux heures, on feuillette un merveilleux – c’est le cas de le dire – livre d’images. C’est devenu tellement rare qu’on aurait tort de s’en priver. »(Première)
- Morbius – (CosmoFiction)
Sources : L’Ecran Fantastique, Wikipédia.
Décidément, celui-là, même avec le recul des années, il faudra que je le vois. Celui-ci comme PRINCESS BRIDE d’ailleurs, deux films qui me semblaient trop féériques pour mes goûts des années 80.
Je me souviens avoir vu en 99 ou 2000, DRAGONHEART avec Dennis Quaid sur RFO en pensant qu’il s’agissait du DRAGON DU LAC DE FEU et…non. Donc deux films à chercher pour mes soirées rétros.
Un bon programme en perspective.
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