COSMOCRITIQUE : 2010, L’ANNÉE DU PREMIER CONTACT (1984)
La catégorie Cosmocritique accueille les anciennes « critiques » publiées dans les numéros des années 80 de CosmoFiction Fanzine. L’équipe était alors très jeune. Notre passion se lisait à travers nos textes et notre engouement aveuglait parfois notre sens critique ! Mais peu importe, au moins nous vivions intensément nos rêves sans nous soucier du « qu’en-dira-t-on ».
Jamais nous n’aurions pu imaginer une suite au chef-d’œuvre de Stanley Kubrick : 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE. Et pourtant, Arthur C. Clarke, déjà à l’origine de la nouvelle qui inspira le film de Kubrick, écrivit quelques années plus tard 2010, la suite officielle. Son roman sera adapté au cinéma par Peter Hyams. Voici les trois critiques parues sur ce film dans le fanzine CosmoFiction. La première, d’Alain, date de mai 1985 (CosmoFiction 6) ; la seconde, de Paul-Étienne C., date de février 1986, elle parut en compagnie de la mienne dans CosmoFiction 14. Le film nous avait fait forte impression, au point même que je le considérais alors personnellement comme un chef-d’œuvre ! J’étais décidément très indulgent à l’époque.
Si 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE apparut, il y a dix-sept ans de cela, comme une révolution dans le cinéma et reste encore aujourd’hui considéré comme un chef-d’œuvre, 2010 n’en demeure pas moins réussi.
C’est d’ailleurs un film formidable à tous points de vue que nous présente Peter Hyams, à commencer par son scénario. Un scénario qui nous donne une image totalement différente de celles que nous ont proposé des films comme LE JOUR D’APRÈS, LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE ou encore L’AUBE ROUGE, puisqu’il nous présente l’étonnante association de l’URSS et des USA pour non seulement tenter de découvrir ce qui s’est passé à bord du vaisseau américain « Discovery » abandonné, après un incident terrible, en orbite autour de Jupiter, mais également pour poursuivre les recherches qui n’avaient pas pu être menées à bien par l’équipage du « Discovery » : découvrir si la vie existe ou peut exister sur d’autres planètes que la Terre. Il ne fait aucun doute que le réalisateur a voulu ici transmettre par l’image de cette association un message humanitaire et de paix, ce qui me semble d’ailleurs avoir été très bien réussi car je dois dire que personnellement je fus très impressionné par ce côté du film.
Il est surprenant de remarquer, pendant la vision du film, qu’à aucun moment Peter Hyams n’a fait preuve de chauvinisme envers les Américains. Cela s’explique peut-être par le fait qu’il ait fait appel à plusieurs acteurs soviétiques, en plus des acteurs américains, pour incarner l’équipage russe du vaisseau « Leonov ». Cette excellente idée est certainement l’un des nombreux atouts qui font de 2010 un film très réaliste. Mais le plus grand restera, sans aucun doute, les effets spéciaux. Ils réussissent à impressionner le spectateur par des images et des décors dénués de ces nombreux gadgets SF que l’on rencontre souvent aujourd’hui dans tout film de science-fiction.
S’il existe un côté, par contre, où Peter Hyams n’a pas du tout suivi l’exemple de Stanley Kubrick dans 2001 : ODYSSÉE DE L’ESPACE, c’est au niveau des rapports humains et des sentiments qui sont ici nettement plus visibles. Avec des films comme ORANGE MÉCANIQUE et SHINING, il est évident que Stanley Kubrick n’est pas très sentimental. Peter Hyams a remis les choses en place.
Ceux qui ont apprécié 2001 auront certainement hâte de connaître l’explication ayant trait à la nature du monolithe noir qui hante l’espace, et qui le hante d’ailleurs toujours dans 2010. A vrai dire, cette intrigue ne sera résolue qu’à moitié, le seul astronaute à s’en être approché ayant été pulvérisé dans l’espace. L’on imagine que le monolithe est la structure de base à la création de toute forme de vie puisque partout où celui-ci est présent il y a de la vie ou il va y en avoir. Le responsable américain de l’expédition le surnommera « Ambassadeur d’Intelligence ». On ne peut en fait lui donner une définition exacte. Le mystère qui était, à son sujet, total dans 2001 reste donc ici encore mystère… partiel, si l’on veut.
Et pour ceux qui n’ont pas vu 2001 : ODYSSÉE DE L’ESPACE, me direz-vous, que leur reste-t-il d’attrayant ? Qu’ils se rassurent. Peter Hyams, qui a décidément réussi ce film d’une façon magistrale, a fait en sorte que 2010 soit un film plaisant et tout à fait compréhensible pour tous.
- Alain -
Enfin ! Le voilà sur nos écrans (depuis le temps qu’on l’espérait !). Ne vous attendez surtout pas , en allant voir 2010, à vous retrouver en face d’une pâle reconstitution du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick (2001), ou encore en face d’un super space opera du genre de STAR WARS ; mais 2010 n’est pas non plus un de ces films psychologiques où l’on ne comprend rien du début à la fin, non, 2010 : L’ANNÉE DU PREMIER CONTACT est un chef-d’œuvre, il n’y a pas d’autre mot pour le désigner. Du début jusqu’à la fin du film vous resterez béat devant les effets spéciaux…
2010, c’est l’Événement de l’année, malgré la sortie prochaine de STAR TREK III (space opera à 100%) qui ne pourra sans doute pas me faire changer d’avis ; 2010, c’est un bijou ! Mais non, je ne déteste pas le space opera, loin de moi cette idée. Mais quand on se retrouve devant un film qui a demandé des années de travail, dont la réalisation a été menée de main de maître, dont l’intrigue est si passionnante…
Dès les premières images du film, je fus cloué à mon fauteuil. Et lorsque je vis Jupiter apparaître sur l’écran, je sentis mes yeux s’écarquiller ! J’assistais à un spectacle unique, d’une rare somptuosité. Il s’agit en effet de la plus étonnante représentation de planètes réalisée à ce jour : SU-PER-BE (c’est le mot !).
Quant aux vaisseaux, vous pourrez découvrir et admirer le magnifique « Leonov » qui, vu de l’extérieur, possède une certaine ressemblance avec ceux de STAR WARS. Le « Discovery » est toujours présent, ainsi que le monolithe noir (ou plutôt « les ») dont on n’apprend rien de plus dans ce second volet que ce que l’on avait appris dans le premier (c’est-à-dire pas grand chose). Quant aux acteurs, 2010 compte une excellente distribution avec le non moins excellent Roy Scheider, révélé par JAWS et confirmé par 2010. Également présente, Helen Mirren (CALIGULA) qui, pour une Américaine incarnant une Russe, mérite toute notre admiration ! Les autres acteurs sont tous aussi convaincants les uns que les autres, leur prestation est plus qu’excellente…
Mais il nous faut également tirer un grand coup de chapeau au réalisateur, Peter Hyams, et au responsable des effets spéciaux : Richard Edlund. Que dire à leur sujet à part que c’est grâce à eux que le film atteint son niveau de crédibilité le plus total, qu’ils se sont saignés les quatre veines pour satisfaire les spectateurs assidus que nous sommes… et ils y sont arrivés, au-delà de nos espérances, en nous offrant un très grand et très beau film. Allez voir 2010 et, pourquoi pas, le revoir !
- Paul-Étienne C. -
Décidément, Jupiter semble être le monde préféré de Peter Hyams ! Après son excellent film OUTLAND, où toute l’action était censée se dérouler sur Io, l’un des satellites de Jupiter, Hyams récidive, toujours dans le même secteur du système solaire avec, cette fois-ci, un morceau de choix : 2010, la suite du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE. Alors que l’œuvre cinématographique originale réalisée par Stanley Kubrick, pleine de poésie mais froide, nous entraînait dans l’espace sur un air de Strauss, nous faisait découvrir des vaisseaux blancs aux allures élancées et nous obligeait à nous creuser les méninges, 2010 version Hyams est une œuvre tout à fait différente du premier film, mais une œuvre digne du plus haut intérêt. En effet, 2010 est un film superbe, admirablement mis en scène par Peter Hyams qui, là encore, nous prouve tous ses talents de réalisateur et sa parfaite maîtrise quant à la direction d’acteurs. Il serait stupide de vouloir à tout prix comparer les deux films : Hyams avait décidé, dès le départ, que 2010 serait tout à fait différent de 2001. C’est ainsi que nous découvrons une suite qui, sur une histoire parfaitement claire, répond à certaines de nos questions laissées en suspens à la fin de 2001, une suite où les vaisseaux sont tarabiscotés mais d’un grand réalisme, où les effets spéciaux n’ont jamais atteint un tel degré de perfection (à part dans les STAR WARS !) : ils sont incroyablement convaincants !
Certains, comme moi, regretteront peut-être les vaisseaux du premier film et leurs intérieurs d’un réalisme sans pareil au contraire de ceux de 2010 aux tableaux de bord aux couleurs de l’arc-en-ciel : on se croirait en pleine fête foraine ! Mais, malgré ce détail, 2010 constitue une digne suite à 2001, un chef-d’œuvre sublime par ses images et ses acteurs au talent irréprochable. C’est aussi et surtout un grand message de paix. La fin du film reste, à ce propos, quelque peu surprenante. Mais il est parfois si bon de pouvoir s’imaginer qu’un jour, peut-être en 2010, les peuples de la Terre finiront par s’entendre et se tourneront alors, ensemble, vers les étoiles en oubliant à jamais leurs conflits… »
- Hervé/Morbius - (CosmoFiction)
Sympa et après lecture des trois articles, je retiens de l’article d’Alain ma propre impression personnelle en voyant le film à sa sortie, de cette espèce de gommage agréable et surprenant de la tension constante dans les années 80 de ce qui était la fin de la « Guerre Froide » qu’on retrouvait dans nombre de films de SF.
Et j’ai rit en lisant l’article de Paul-Étienne C. parce qu’on y retrouve tout ce vocabulaire du sci-fi club de l’époque comme :
2010 : L’ANNÉE DU PREMIER CONTACT est un chef-d’œuvre !
2010, c’est un bijou !
Je ne te le fais pas dire !
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